Pour éviter que leurs législations ne soient cassées par un droit européen favorable à Airbnb (grâce à un intense lobbying de la plateforme), les villes d’Europe doivent faire front commun pour demander à la Commission Européenne de revoir sa copie.
En effet, loin de l’économie du partage qu’elle est censée incarner, Airbnb a un impact négatif sur le marché immobilier : « Cette entreprise se présente comme le défenseur des classes moyennes qui louent leur appartement pour arrondir leurs fins de mois. Mais aujourd’hui, un grand nombre d’annonces sont postées par des professionnels, des propriétaires qui achètent plusieurs appartements dans le but de les louer à l’année et d’en tirer un profit », résume Ian Brossat, adjoint au logement à la mairie de Paris.
Logements confisqués pour être mis en location Airbnb, pénurie de logements aggravée, hausse des loyers, fuite des habitants « historiques ». Toutes les villes d’Europe, surtout celles ayant un fort potentiel touristique, sont touchées. Progressivement, une réaction s’est mise en place. Les législations se sont adaptées, pour réguler et contrôler la location Airbnb, à Paris, Berlin, Barcelone, Amsterdam, Madrid…
Mais cette contre-attaque menace d’être remise en cause par… le droit européen. En effet, la Cour de justice de l’Union européenne a rendu, le 30 avril 2019, une décision concernant la nature des activités des sociétés telles qu’Airbnb. Elle s’appuie sur une directive, promulguée grâce à l’intense lobbying des plateformes de location saisonnière (Airbnb en tête). Ces plateformes sont ainsi considérées par le droit européen comme « simples fournisseurs de services d’informations aux particuliers », ce qui réduit à néant ou presque leurs responsabilités dans l’application des réglementations municipales.
Elles ne peuvent plus être mise en cause pour non respect d’une réglementation. Et ne sont pas tenue de faire le moindre effort pour aider à les respecter. Sachant que l’intérêt d’Airbnb est que ses locations soient loués le plus possible (la commission est la même que l’offre soit légale ou pas…), peu de chance que la plateforme fasse elle-même la chasse aux locations illégales…
Une seule solution existe : faire annuler cette directive ou, mieux, la remplacer par une autre, favorable aux villes souhaitant défendre leur parc locatif. « Seule la pression des villes unies à travers l’Europe et de la société civile pourra faire changer les choses », pointe ainsi, combatif, Ian Brossat.