Loger les députés français dans des logements Airbnb lorsqu’ils viennent sur la capitale. Voici la dernière proposition du député Les Constructifs, Thierry Solère. Sous couvert de vouloir faire des économies, le député est ainsi prêt à promouvoir un modèle économique des plus opaques — 85 % des revenus des loueurs Airbnb ne sont pas déclarés — ainsi que l’évasion fiscale, la plateforme ayant recours à un processus lui permettant de ne payer presque aucun impôt en France.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec cette proposition, le député nage complètement à contre-courant : la maire de Paris, Anne Hidalgo, et ses équipes travaillent en effet depuis plusieurs mois à un encadrement plus strict de la plateforme afin de combattre l’ensemble des dérives liées à son développement dans la capitale (hausse des prix de l’immobilier, raréfaction des logements, désertification de certains quartiers, etc.).
Thierry Solère va même jusqu’à mettre en branle le combat mené par Emmanuel Macron en ce qui concerne la taxation des Gafa. Le député propose en effet de loger certains membres de la classe politique française dans des logements Airbnb, quand son président multiplie les actions au niveau européen afin de mettre un terme au processus d’évasion fiscale des géants du numérique, dont Airbnb est devenu l’un des symboles.
« Stupéfaction totale » de l’UMIH et du GNC
L’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) et le Groupement National des Chaînes Hôtelières (GNC) n’ont pas tardé à réagir à la proposition de Thierry Solère par le biais d’une lettre lui étant directement adressée : si ces derniers « souscrivent pleinement à l’objectif de réaliser des économies sur le budget de fonctionnement de l’Assemblée nationale », ils ne manquent pas de faire part au député de leur « stupéfaction totale face à une telle proposition ».
« En promouvant publiquement Airbnb, vous légitimez une activité opaque, alors que 85 % des revenus des loueurs ne sont pas déclarés (selon un rapport de la commission des finances du Sénat). Vous légitimez un géant de l’lnternet employant uniquement 50 personnes en France qui use et abuse des failles des systèmes français et européen pour s’acquitter seulement de 90 000 euros d’impôts, quand le chiffre d’affaires généré par la location de meublés de courte durée sur le sol français est de l’ordre de 2 milliards d’euros », écrivent Roland Heguy et Jacques Barre, Présidents de l’UMIH et du GNC.
Certains membres de la classe politique française se sont également opposés à cette proposition. C’est notamment le cas du député UDI, Yannick Favennec, qui dénonce « la démagogie » de Thierry Solère ou encore de la députée LR du Doubs, Annie Genevard — également vice-présidente de l’Assemblée nationale —, qui considère que cela offre un visage « désolant » et « négatif » de l’institution. Par ailleurs, Thierry Solère risque de voir la liste de ses détracteurs s’allonger : la radio française Europe 1 prévient en effet que cette proposition « devrait déplaire à Anne Hidalgo ». Une réaction de la maire de Paris est donc attendue…