Classée en 2019 « zone tendue » en matière d’immobilier, la ville de Saint-Malo a mis en place un règlement plus strict des locations Airbnb, qui entre en vigueur ce 1er janvier 2020.
Un numéro d’enregistrement sera désormais nécessaire pour louer sur Airbnb. Il permettra de vérifier que la limite des 120 jours de location par an (pour les locations non-professionnelle) n’est pas dépassé et que les locations professionnelles ont bien effectué une demande de changement d’usage avec le principe de compensation prévu par la loi.
« Ca permet de trouver un bon équilibre », estime le maire Claude Renoult, pour qui le but n’est pas d’interdire la location temporaire mais d’en limiter les dérives. En particulier celles des professionnels déguisés, qui se font passer pour des particuliers et qui dépassent les limites légales.
La multiplication des locations Airbnb à l’année a provoqué une véritable fronde des habitants de Saint-Malo, qui ont mis sur place un collectif de protestation, baptisé « Saint-Malo, j’y suis, j’y reste ». Trois reproches sont faits à cette généralisation de la location saisonnière : exercer une concurrence déloyale contre le secteur hôtelier ; peser sur le marché immobilier, en empêchant les Malouins de se loger, aggravant la perte de population nette du centre-ville ; multiplier les nuisances pour les riverains.
« Moi je vis dans un immeuble du 17e siècle qui n’est pas du tout adapté et où je n’ai plus de voisins ! Il n’y a que des gens qui viennent en AirBnb pour une semaine. Je ne parle plus de nuisances, je parle qualité de vie altérée. Je n’ai pas choisi de vivre ce que je vis actuellement. Et les personnes qui louent ces appartements, qui m’imposent cela, ce sont eux qui se remplissent les poches ! Ils sont à l’extérieur, ils ne voient pas comment les gens se comportent. Il y a des gens qui viennent du monde entier, avec beaucoup de laisser-aller et je n’ai plus la vie que j’ai choisi de vivre !« , dénonce Véronique Deschamps, à l’origine du collectif.
Si, pour « Saint-Malo, j’y suis, j’y reste », ce nouveau règlement est une avancée, le collectif craint que la ville ne se donne pas les moyens de le faire pleinement appliquer. « On a comparé avec des villes qui ont mis en place des règlements comme Paris ou Bordeaux, on a fait un ratio il faudrait une ou deux personnes recrutées pendant deux ou trois ans pour faire ce contrôle ! » expose un autre membre du collectif.
Le maire a précisé que les dossier sont suivis par les agents de l’urbanisme. Mais aucun agent dédié à la lutte contre la fraude n’a été engagé.