A Paris, aucun quartier n’est aussi nettement phagocyté par Airbnb que le Marais. A la clé : une gentrification accélérée, des habitants qui désertent, et une perte de l’âme et de la vie du quartier.
Situé dans le coeur de Paris, ce quartier a subi une profonde mutation de son parc locatif. Les appartements, autrefois loués à l’année à des habitants, sont proposés sur Airbnb, souvent tout au long de l’année (au mépris de la législation). Dans certains immeubles, un appartement sur quatre est présent sur Airbnb.
Les logements disponibles à la location traditionnelle se réduisent comme peau de chagrin, augmentant de fait les loyers (un 30m2 se négocie aux alentours de 1 500 euros mensuels), et poussant les habitants vers la sortie. D’autant que cet afflux de touristes provoquent aussi la fin de la vie de quartier, et des désagréments et nuisances.
«Il y a de moins en moins de gens qui vivent ici à l’année. Pendant longtemps, certains critiquaient le côté fêtard du Marais, lié au milieu gay, mais ça n’avait jamais fait fuir personne. Aujourd’hui, des habitants déménagent pour le XVIe arrondissement, où ils espèrent retrouver un peu de calme. Je ne crache pas dans la soupe, car le tourisme nous amène aussi du monde, notamment pour les petits déjeuners, glisse le serveur. Mais pour les commerces de proximité, comme les boulangeries ou les librairies, c’est beaucoup plus difficile » témoigne Yoann, serveur à la brasserie La Fronde.