Ces dernières semaines, le ton monte entre la Ville Lumière et la plateforme de location en ligne Airbnb. La raison ? Les nombreux dégâts causés par la multinationale américaine dans la capitale française : diminution du parc locatif, baisse du nombre d’habitants, fermeture de classes d’école, hausse des prix du loyer, nuisances en tout genre, etc. Devant cette réalité, les élus parisiens ont décidé d’agir. Et les récentes déclarations plaintives d’Emmanuel Marill — le directeur France et Belgique d’Airbnb — n’y changeront vraisemblablement rien.
Paris reprend ses droits
Ainsi, pour encadrer la plateforme, Paris souhaite s’inspirer des autres capitales européennes comme Londres ou encore Amsterdam et réduire le nombre de nuitées autorisées à la location qui est aujourd’hui de 120 jours. La Ville Lumière hésiterait entre 60 et 90. « Le chiffre n’est pas définitivement fixé », déclare Ian Brossat, adjoint à la Mairie de Paris chargé du logement. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la volonté parisienne d’encadrer Airbnb n’est pas du goût de son directeur.
En effet, pour Emmanuel Marill, « il est décevant de constater que la Mairie de Paris cède une nouvelle fois au lobbying intense des organisations hôtelières, et s’en prend aux familles parisiennes qui bénéficient de la location occasionnelle de leur logement sur Airbnb. Alors que le coût de la vie augmente régulièrement depuis des décennies dans la capitale, où les jeunes familles n’arrivent plus à se loger, Airbnb est une opportunité pour aider plus de 50 000 Parisiennes et Parisiens à payer leurs charges de logement ou de vie courante ».
Mais la réalité est tout autre : d’après l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), « le grand argument d’Airbnb selon lequel il contribue à aider les Parisiens à boucler leurs fins de mois » ne tient pas la route. « La majorité des logements proposés par le site américain sont concentrés dans le centre de la capitale ou bien proches des lieux touristiques. Des quartiers où ne résident pas « les Parisiens les plus pauvres qui ont besoin d’Airbnb pour trouver un complément de revenus » affirme le syndicat.
Par ailleurs, Roland Héguy, président de l’UMIH, ne manque pas de rappeler que « le site ne produit ni emploi ni fiscalité en France alors qu’Airbnb est valorisé à 31 milliards de dollars [25,6 milliards d’euros] à la Bourse de New York, la plateforme a payé moins de 100 000 euros d’impôts en France avec moins de 30 emplois ». D’autant qu’Airbnb aurait « généré un volume d’affaires en France estimé entre 1 milliard et 1,5 milliard d’euros d’octobre 2015 à octobre 2016 ».