Ce jeudi 22 juin, la mairie de Paris a annoncé « qu’elle allait soumettre dès le 4 juillet au conseil municipal une résolution pour rendre obligatoire l’enregistrement des biens en location de courte durée ». La Ville Lumière, qui compte désormais plus de 60 000 logements Airbnb, semble ainsi vouloir en finir avec les dérives liées à l’omniprésence des plateformes de location entre particuliers. Faisant face à des problèmes similaires, Bordeaux a également opté pour cette solution.
« Partage », « solidarité », « revenus d’appoint », « rencontres »… Tels sont les termes que les dirigeants d’Airbnb aiment associer au nom de leur plateforme. Pourtant, la réalité est tout autre : entre quartiers en perte d’identité, gentrification et crise du logement, les métropoles françaises, à l’image de Paris et Bordeaux, font face à une menace sans précédent.
Et pour cause, la location par le biais des plateformes est loin d’être une activité occasionnelle réservée aux particuliers : dans le seul quartier de Montorgueil, « 56 % des 2 572 locations meublées sont proposées aux touristes plus de 120 jours par an, par des professionnels : Parisian Home en contrôle 139 ; Vacation in Paris, 35 ; My Apartment in Paris, 48 ; International Home Owners, 54… ». Pour ce qui est de Bordeaux, le nombre de logements proposés par Airbnb a augmenté de 113% en un an.
Résultat, la colère gronde : « nous ne sommes plus dans l’histoire que raconte Airbnb : le partage convivial d’un logement pour arrondir ses fins de mois. Mais dans une véritable professionnalisation qui chasse les Bordelais, notamment les plus modestes et les jeunes, de leur ville » déclare Matthieu Rouveyre, Vice-président (PS) du conseil général de la Gironde et conseiller municipal de la ville de Bordeaux. « Des copropriétaires se plaignent que leurs relations de voisinage deviennent exécrables » raconte pour sa part Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement de Paris. « Dans mon immeuble, quatre appartements sur douze sont loués de cette manière, déclare Francis Dobis, président du conseil syndical de la copropriété, travaillant dans le quartier de Montorgueil. La boutique du rez-de-chaussée, de 47 mètres carrés, est louée 365 jours par an et accueille jusqu’à quinze personnes à la fois, le propriétaire ayant creusé la cave et aménagé des mezzanines pour multiplier les couchages. Les va-et-vient sont insupportables ». Cela ne fait plus aucun doute, Airbnb n’est plus en odeur de sainteté dans l’Hexagone…