Un habitant du Sentier raconte comment son immeuble s’est transformé, via des locations Airbnb, en un véritable repère de groupes de jeunes venant faire la fête à Paris. Symbole de l’explosion du tourisme dans le centre de Paris et la mort de la vie de quartier, cette histoire est également emblématique des dérives d’Airbnb.
L’homme habite dans une copropriété mixte (habitation / bureaux) de la rue de Palestro. En 2014, un bureau de l’immeuble est vendu, puis réaménagé pour être transformé en appartement. Quelques jours plus tard, une famille s’y installe, « puis une autre le lendemain, puis une autre, et ainsi de suite. On s’est alors rendu compte que la personne qui a acheté l’appartement a décidé d’en faire un Airbnb, explique-t-il. A partir de là, ça a été le début d’allers-retours incessants de valises à toute heure du jour ou de la nuit. Mais ça, ce n’était que le début… ».
Car, quelques mois plus tard, des travaux d’ampleur, en perçant un accès aux caves, transforment un appartement du rez-de-chaussée en un duplex avec mezzanine. La capacité d’accueil passe de 6 à 15 personnes. Une perle rare dans l’hyper-centre de Paris, qui attirent les touristes les plus remuants du monde : « On a vu arriver des groupes de jeunes touristes venus pour faire la fête, c’est devenu un vrai enfer. On a même eu droit à des pétards et des feux de Bengale dans la cour de la résidence ! » expose l’habitant, dépité.
Il faudra de longs mois de tractations pour finir par obtenir, en 2018, que l’accès aux caves soit bloqué. « Aujourd’hui, ils ne reçoivent plus que des groupes de six à huit personnes, et les fêtes sont espacées de plusieurs jours. C’est un petit peu plus vivable maintenant », témoigne l’homme, qui regrette tout de même l’époque où son immeuble n’était occupé que par des Parisiens, qui y habitaient ou qui y travaillaient.