Ils sont en civils mais assermentés ; ils peuvent demander à la police de leur ouvrir un appartement, mais le font rarement ; ils sillonnent les immeubles des quartiers touristiques de la ville, en quête d’indices d’une location illégale. Ce sont les équipes du Bureau de la Protection des Locaux d’Habitation (BPLH), la brigade de contrôle d’Airbnb de la ville de Paris.
Une équipe de journalistes de Challenges a suivi trois agents de la BPLH pendant une journée, détaillant leurs méthodes (frapper aux portes suspectes, espérer que des touristes ouvrent et avouent qu’il s’agit d’une location Airbnb, prendre des photos, réunir des indices), la nécessité de confronter les annonces du site et la réalité du terrain. Le but : traquer les annonces illégales, celles qui dépassent les 120 jours de location par an.
« Bonjour, excusez-moi de vous déranger, nous sommes de la mairie de Paris. Nous faisons un contrôle d’occupation de l’immeuble. Etes-vous locataire de l’appartement avec un bail ou plutôt une location type Airbnb? » demande par exemple une agente à des touristes australiens qu’elle vient de réveiller et qui avoueront qu’ils louent l’appartement sur Airbnb. Les agents prennent des photos.
Leur tâche est compliquée, car les touristes ne sont pas coopératifs, refusent le plus souvent d’ouvrir. Il faut donc revenir, inlassablement, dans le même immeuble, pour finir par découvrir le pot aux roses. De même, si les voisins avouent souvent à demi-mots que des appartements sont loués à des touristes toute l’année, ils n’aident que rarement les agents de la BPLH.
Sauf quand les locations incessantes finissent par les énerver… Alors les langues se délient : « Je fais partie du conseil syndical. Nous avons prévu un rappel à l’ordre de certains propriétaires lors de la prochaine assemblée générale. Je ne veux pas médire mais le comportement de mon voisin ne m’apparaît pas très normal. Ces locations nous agacent énormément. Cela salit et abîme les parties communes » explique un voisin agacé.