Dans une tribune publiée ce mercredi 6 septembre, Emmanuel Marill tente de répondre aux attaques perpétrées contre la plateforme de location Airbnb. Accusée par trois élus parisiens, de « priver le marché locatif d’un nombre important de logements », de vider le centre-ville parisien de ses habitants, ce qui « génère ensuite des impacts en cascade avec des classes d’écoles qui ferment, des commerçants de proximité qui disparaissent faute de clientèle suffisante, une vie de quartier qui se détériore… », le directeur général France et Belgique d’Airbnb a voulu se défendre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’argumentaire avancé par ce dernier est loin d’être convaincant. Analyse.
Emmanuel Marill joue la victime
D’après le directeur, Airbnb est le bouc émissaire des élus parisiens manipulés par les « lobbies hôteliers » et qui veulent faire porter à la plateforme « le poids de l’Histoire, et des choix politiques qui ont, méthodiquement et régulièrement, encouragé la concentration du développement touristique et commercial sur une poignée d’arrondissements de la capitale ». Et de rajouter : « l’exode [des Parisiens] est historique ». Celui-ci affirme également — sans citer la moindre source — que « 50 % des hôtes parisiens disent qu’ils ne pourraient pas garder leur logement sans louer sur Airbnb ».
Pourtant, nombreux sont les experts et les médias qui s’accordent à dire qu’Airbnb est à l’origine de la perte de 20 000 logements dans la capitale française. Et si plusieurs facteurs devraient permettre le retour de la population vers le centre-ville parisien (contraintes de transports, amélioration des politiques antipollution, etc.) ce n’est pas possible de lutter contre la perte de logements : « le gain d’une location Airbnb est 2,6 fois supérieur en location touristique qu’en location classique (jusqu’à 3,5 fois sur l’île de la Cité), surtout depuis la loi sur l’encadrement des loyers… », déclare Sylvain Maillard, député et conseiller du 9e arrondissement.
Dans sa tribune, Emmanuel Marill s’en prend ainsi ouvertement aux hôteliers, mais celui-ci oublie sciemment de parler de fiscalité : les hôteliers français paient leurs impôts en France, tandis qu’Airbnb, « qui réalise en France un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros, principalement grâce à son activité dans la capitale, n’a payé que 92 944 € d’impôts en 2016 ». Une situation « terriblement injuste quand on voit que les hôteliers ont tout le mal du monde à présenter des prix attractifs au regard des nombreuses charges dont ils doivent s’acquitter en tant qu’entreprise française et des normes de sécurité et d’accessibilité auxquelles ils doivent se soumettre », affirme les élus parisiens.
Ainsi, pour Emmanuel Marill, Airbnb est victime du « lobby hôtelier », et vouloir encadrer la plateforme dans le but de préserver Paris et instaurer une équité — notamment fiscale — avec les hôteliers parisiens « serait un contresens historique ». Une réplique qui en fera sourire plus d’un…