La municipalité de La Nouvelle Orleans avait négocié un accord avec Airbnb pour réglementer les locations touristiques : la plateforme y a mis fin unilatéralement quand la municipalité a voulu durcir les règles.
L’accord datait de 2016 : il prévoyait une légalisation des locations Airbnb, sous réserve que la plateforme fournisse les noms et adresses de tous les loueurs, interdise la location dans certains quartiers et créé un système d’enregistrement en ligne des hôtes.
Ce service d’enregistrement est mis en place en avril 2017, mais il est très incomplet. Il ne fournit pas des données clés, comme l’identité du propriétaire ou du locataire, le nombre de chambres à coucher de la propriété et les coordonnées du responsable. Les services municipaux sont donc obligés de contacter 4 786 propriétaires, un par un, pour compléter les informations !
Gênée dans ses contrôles, la municipalité ne peut endiguer l’explosion de l’offre Airbnb. Sur la seule année 2018, 4 319 nouveaux logements entiers sont mis en location sur Airbnb à La Nouvelle Orleans. A titre de comparaison, l’offre totale ne dépassait pas les 2 000 logements en 2015. Pire, Jane’s Place Neighbourhood Sustainability Initiative, un groupe local de logement, indique que 11% des opérateurs, dont beaucoup sont situés en dehors de la Louisiane, contrôlent 42% des locations à court terme de la ville.
Les tarifs de la location à court terme ont ainsi fortement augmenté, poussant les loyers de la location « classique », à long terme, vers le haut. Renforçant la crise immobilière dans la ville.
La municipalité de La Nouvelle Orléans décide donc de durcir sa réglementation. En mai 2018, le conseil municipal décide de geler les demandes d’autorisation de louer dans les zones les plus critiques. En réponse, Airbnb suspend unilatéralement le système d’enregistrement et la mention du numéro de licence sur les annonces Airbnb, ruinant le travail des équipes municipales qui s’appuyaient dessus pour traquer les loueurs dans l’illégalité. La ville estime que ce simple geste vient de faire perdre un an aux contrôleurs d’Airbnb !
Faire mine de collaborer tant que la législation est à son avantage, puis briser l’accord : une pratique courante pour la plateforme, qui n’a de cesse de détruire les réglementations qu’elle estime trop contraignantes.