A Montréal, de plus en plus de défenseurs du droit au logement soulignent que les législations très restrictives mises en place par les quartiers sont inefficaces pour endiguer le phénomène Airbnb, faute d’équipes de contrôle suffisantes.
Ainsi, les quartiers de Ville-Marie et du Plateau-Mont-Royal (dans l’hyper-centre de Montréal) ont restreint l’autorisation de louer sur Airbnb à quelques rues. Pourtant, le nombre de locations Airbnb continue de croître : de respectivement 3 514 et 3 430 en 2018, elles sont désormais 4 043 dans Ville-Marie et près de 3 800 à Plateau-Mont-Royal.
«On voit que les actions sont loin d’être suffisantes. Il y a un ralentissement de la croissance des logements Airbnb, mais ça continue d’augmenter de façon majeure», explique à nos collègues de Métro la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme. «Les quartiers où il y a le plus bas taux de disponibilité de logements sont également ceux où l’on retrouve le plus grand nombre de logements en Airbnb», complète le maire du quartier de Rosemont, François Cotreau, qui vient lui aussi d’interdire Airbnb sur la quasi totalité du quartier.
«Les arrondissements ont beau vouloir restreindre, s’il n’y a pas plus d’inspecteurs sur le terrain pour mettre des amendes et faire respecter la loi, le problème persiste. Les villes n’ont pas le pouvoir d’intervenir», pointe la porte-parole au Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Marjolaine Denault.
Les élus de Montréal soulignent que mettre en place une politique de contrôles intensifs, avec les investissements qui vont avec, était difficile, car le cadre juridique manquait de fermeté, et était trop flou. Mais, à partir de mai 2020, un nouveau règlement provincial va rentrer en vigueur, qui impose aux propriétaires un numéro d’enregistrement délivré par la municipalité pour pouvoir louer sur Airbnb, et qui différencie clairement résidence principale et secondaire. L’attachée de presse de la ministre du Tourisme Caroline Proulx, Sandra O’Connor, soutient que ce nouveau cadre légal «facilitera grandement le travail des inspecteurs de Revenu Québec».
Reste qu’il faudra, une fois ce cadre en place, que les municipalités investissent largement dans des équipes de contrôle, afin de faire le ménage dans les locations illégales : «Si les choses sont plus claires avec un nouveau cadre, il faut absolument réserver des ressources. On doit récupérer le maximum des logements disparus du marché locatif. Ça se fait seulement par une intervention massive. Il faudrait un blitz, pendant un ou deux ans, pour traiter toutes les plaintes et se mettre à fouiller. Ça sera beaucoup facile, parce que sans le numéro d’enregistrement, il y aura automatiquement anguille sous roche », expose Richard Ryan, conseiller municipal de Montréal, président de la Commission sur le développement urbain et l’habitation de la Ville de Montréal.