A Montréal, un arnaqueur loue depuis plusieurs années des logements de haut standing, ne paie pas son loyer, et les sous-loue sur Airbnb. Alerté par les propriétaires, Airbnb refuse de supprimer les annonces tant que la justice ne l’a pas expulsé.
La dernière affaire remonte à un an, date à laquelle l’arnaqueur, un certain Ali El-Chami, a loué un appartement de standing dans une copropriété à Montréal. Depuis avril 2019, il ne paie plus son loyer. Et continue de sous-louer le logement à 249 dollars canadiens la nuit. Pire : alors que le bail s’achève au 31 août, l’appartement est réservé sur Airbnb jusqu’en octobre.
Le 13 mai 2019, le propriétaire a demandé à Airbnb d’ôter l’annonce du site. La plateforme a refusé. Il a fallu que la presse canadienne se mêle de l’affaire, mi-juillet 2019, pour qu’Airbnb accepte de retirer l’annonce. « Chaque fois, ils disent qu’ils n’y peuvent rien, que c’est entre nous et notre locataire. […] Je ne comprends pas qu’une aussi grosse compagnie puisse ne pas répondre à ce type de plainte » déplore le propriétaire floué.
Son avocat envisage d’aller plus loin, et d’attaquer la plateforme en justice : « Si jamais cette plateforme est utilisée pour faire de la fraude, Airbnb ne peut pas détourner le regard et répondre qu’ils n’y sont pour rien, qu’ils n’ont aucune responsabilité », expose-t-il.
L’attitude d’Airbnb est d’autant moins excusable qu’Ali El-Chami n’en est pas à son coup d’essai. Voici plusieurs années qu’il reproduit la même arnaque. Il amadoue les propriétaires avec de fausses fiches de paie, des faux relevés de compte bancaire, voire des séries de chèques sans provision. Une fois possesseur des clés d’un logement luxueux, il le met sur Airbnb. Et cesse, au bout d’un moment, de payer le loyer. Jusqu’à être officiellement expulsé.
La Régie du Logement de Montréal l’a assigné 17 fois au tribunal depuis 2012, le plus souvent pour défaut de paiement. Il a toujours perdu.
Plusieurs propriétaires ont déjà demandé à Airbnb de retirer les annonces. Refus systématique de la plateforme (qui touche ses commissions sur toutes les locations, même illégales) : « Nous considérons que de communiquer directement avec votre locataire est la manière la plus simple de répondre à ce type de plainte », a par exemple écrit l’entreprise à Jafar Alsfallah, un de ces propriétaires.
Ce dernier a fini par faire expulser Ali El-Chami. Le tribunal l’a condamné à une forte amende et à régler ses loyers. Seul problème : l’homme est officiellement insolvable. Il ne possède rien. L’argent de ses locations Airbnb est probablement au chaud, sur un compte offshore, loin des tribunaux canadiens.
L’homme va de nouveau comparaître devant la justice. Comme à chaque fois, il plaidera coupable. Il sera condamné à une amende, qu’il ne pourra pas payer. Ce genre de délit n’étant pas puni par de l’emprisonnement au Canada, il peut récidiver autant qu’il veut, rien ne lui arrivera. Et il y a fort à parier que, la prochaine fois, Airbnb refusera à nouveau de supprimer les annonces, même après une alerte des propriétaires…