Le jeudi 14 février a eu lieu la première audience dans le cadre de l’attaque en justice de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière (UMIH), principal syndicat hôtelier de France, contre Airbnb pour concurrence déloyale.
Le syndicat vise en particulier toutes les annonces de logements détenus par des propriétaire qui les louent illégalement à l’année sur Airbnb, investisseurs immobiliers ou propriétaires mettant une résidence secondaire en location. Comme Airbnb ne désactive pas les annonces qui ne respectent pas la législation, la plateforme se montre complice de ces propriétaires dans l’illégalité, qui » font sans le dire de l’hôtellerie, sans les charges que nous supportons » expose Laurent Duc, président de l’UMIH.
Or, ces loueurs professionnels ne supportent pas les mêmes charges que les vrais professionnels de l’hébergement, hôtels, gîtes, chambre d’hôte : « Nous, on paye la TVA : 10 % du prix d’une chambre. Les loueurs de meublés touristiques non, dès lors qu’ils encaissent moins de 80 000 euros de revenus locatifs annuels. Nous sommes aussi tenus d’avoir une personne présente dans l’établissement 24 heures sur 24. Pour assurer une telle présence, il faut donc au moins trois salariés par hôtel. Nos bâtiments doivent être accessibles aux personnes handicapées et c’est heureux » détaille Laurent Duc.
Le président de l’UMIH poursuit : « Nous sommes également soumis à des règles strictes de sécurité incendie et des contrôles techniques de toute sorte pour garantir la sécurité de nos clients. Pour un hôtel d’une centaine de chambres, le seul coût des contrôles est de l’ordre de 50 000 euros par an. Dans un hôtel, le ménage doit être fait dans les chambres tous les jours ». Le fossé est donc conséquent en terme de charges et d’emplois entre les loueurs Airbnb et les vrais professionnels. La concurrence est donc faussée entre ces deux types d’hébergement.
Laurent Duc point aussi la communication habile d’Airbnb, qui met en avant le fait qu’elle a collecté 24 millions d’euros de taxe de séjour en 2018 pour les collectivités. Le président de l’UMIH rappelle que les professionnels de l’hôtellerie ont collecté, eux, 318 millions d’euros. Et qu’Airbnb continue, grâce à son optimisation fiscale, de ne payer que 161 000 euros d’impôts pour un chiffre d’affaire estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros.