Dans une lettre ouverte à Anne Hidalgo et à Emmanuel Macron, la fondatrice de BedyCasa, une plateforme de location réellement collaborative, dénonce les mensonges et tromperies d’Airbnb. Elle s’appuie notamment sur la lettre adressé par le fondateur d’Airbnb à Emmanuel Macron suite à la décision du CIO de choisir Paris comme ville olympique en 2024.
Elle explique clairement que son activité n’a rien à voir avec celle d’Airbnb : les personnes qui louent leur logement sur son site sont soit des professionnels déclarés (chambres d’hôte, gîtes), soit des personnes louant de manière ponctuelle et exceptionnelle, dans un esprit de partage. Les revenus moyens sont aux alentours de 700 euros, toutes les annonces sont légales et respectent le principe de l’échange. Tout ce qu’est censé être Airbnb – tout ce qu’Airbnb était sans doute à l’origine. Mais tout ce qu’Airbnb n’est plus.
Elle rappelle d’abord qu’une majorité des logements loués sur Airbnb sont entiers, c’est à dire sans hôte présent, et que beaucoup sont dédiés exclusivement à la location Airbnb – et ne sont habités que par des touristes, privant les habitants des centre-villes de logements.
Elle souligne également que Airbnb ment en disant qu’il permet de redistribuer de l’argent à des familles modestes : en terme de revenus, l’essentiel de l’activité d’Airbnb provient de professionnels, qui possèdent souvent de nombreux logements, qu’ils destinent à des touristes avec pour seul objectif une rentabilité maximum. Et si le site communique sur des revenus moyens entre 1 000 et 2 000 $ par an pour ses hébergeurs, il oublie que cette moyenne est obtenue par une multitude de personnes qui louent très occasionnellement et un nombre important de professionnels dont les revenus se chiffrent entre 20 000 et 100 000 $ annuels.
Elle critique ensuite l’idée selon laquelle, pour une nuit à 100 euros, 97 euros reviennent au propriétaire, Airbnb ne s’enrichissant pas au passage. C’est oublier que ces 100 euros ne sont pas ce que paye le locataire, des frais pouvant aller jusqu’à 10 euros s’ajoutant. La commission totale d’Airbnb est certes de 3% pour les hébergeurs, mais elle varie entre 6 et 8% pour les locataires : au total c’est bien 10% minimum du prix de la location que ponctionne Airbnb.
Sans compter que les revenus d’Airbnb ne sont pas imposés en France, mais en Irlande, pays à la fiscalité avantageuse, un lourd manque à gagner pour les finances publiques françaises.
« Le problème vient du fait que ces mastodontes induisent le consommateur en erreur, voire le manipulent en lui faisant croire que sous prétexte qu’ils participent à une économie collaborative plus juste, ils s’octroient alors le droit de ne pas tenir compte des contraintes qui pèsent sur les acteurs historiques déjà présents (hôtels, gîtes et chambres d’hôtes, etc.) ou des besoins de la population, sous prétexte d’une administration bien souvent trop lente » écrit avec justesse la directrice de BedyCasa.
Elle évoque également la concurrence déloyale avec les professionnels du tourisme, soumis à des réglementations et une fiscalité auxquelles échappent le plus souvent les hôtes Airbnb ; la transformation de certains quartiers et immeubles en usine à touristes, vidés d’habitants et d’âme ; la pression sur les loyers qu’exerce l’activité d’Airbnb ; la déshumanisation des rapports par l’usage de conciergeries, bien loin de l’aspect collaboratif ; les dérives glauques pour les locataires (agression sexuelle ou physique…) que pour les hébergeurs (appartements détruits ou servant à la prostitution…).
Elle conclue en faisant bien la différence : une personnes louant son logement « est considéré chez nous comme un hébergeur occasionnel et fait partie de cette économie du partage. Chez Airbnb, c’est un loueur professionnel qui souhaite rentabiliser son appartement ou faire fructifier son parc de logements locatifs. Assumons donc nos positionnements ! »
Puis elle appelle les autorités à mettre en avant les systèmes de location réellement basés sur le partage et l’échange, tout en demandant à tous les acteurs du tourisme dans cette démarche de la rejoindre dans sa croisade.