En ce début 2020, Airbnb s’est gargarisé du montant conséquent de la taxe de séjour que la plateforme a reversé aux communes de France (58 millions d’euros pour l’année 2019), en oubliant que cette forte hausse est un effet direct d’une série de lois que la plateforme n’a jamais soutenues !
Le plus impressionnant, c’est que ce chiffre est publié tous les ans, et qu’il est, tous les ans, relayé par toute la presse nationale de France. Donnant à chaque fois une image positive de la plateforme ! Airbnb a beau jeu de rappeler qu’en 2018 seulement 24 millions d’euros avaient collectés et reversés aux communes. Sur l’année 2019, où cette collecte était pour la première fois automatisée, le pactole monte à 58 millions d’euros. Repartis entre 28 000 communes, et écrasé par les 15,3 millions d’euros de Paris (contre 7,5 millions d’euros en 2018). La plateforme ajoute que « près de 20% de ces recettes bénéficient à des communes de moins de 3.500 habitants », à savoir 10,5 millions d’euros, contre 3,2 millions d’euros en 2018.
Airbnb espère ainsi montrer qu’elle fait du bien à l’économie locale, en remplissant les caisses des municipalités. C’est oublier qu’Airbnb s’est longtemps signalé par sa mauvaise volonté à collecter cette taxe et, surtout, que cette hausse spectaculaire provient d’un changement réglementaire, qui a rendu la collecte automatique obligatoire et, surtout, qui a laissé aux communes la possibilité de fixer leur propre taux de taxe, entre 1 et 5% du prix de la location. Airbnb s’était d’ailleurs plaint de montants potentiellement trop élevés si les villes optaient pour la fourchette haute.
Pour autant, un rapide calcul permettait de vérifier qu’avec 3%, les sommes collectées étaient en moyenne inférieures à celle d’un hôtel équivalent. A 4%, Airbnb et l’hôtellerie rapportent à peu près autant à la ville, avec une petite avance pour Airbnb. A 5%, Airbnb est davantage taxé que l’hôtellerie. Mais sachant que les obligations réglementaires des hôteliers demeurent beaucoup plus importantes que celles des loueurs de locations meublées touristiques, et qu’Airbnb a un impact parfois très important sur le marché locatif, cette loi permet d’équilibrer (un peu) la donne pour les villes.
Airbnb oublie aussi de rappeler que sa collecte automatisée avait de nombreuses failles, et que les bénéficiaires de cette taxe de séjour se sentaient, bien souvent, lésés.
Ils en parlent aussi : Le Parisien, Les Echos, Sud-Ouest, Ouest-France