Les sites de locations touristiques comme Airbnb sont devenus incontournables pour les propriétaires qui veulent louer un appartement ou une maison à des particuliers. Mais l’hégémonie de ces plateformes (Airbnb, Abritel, Booking.com, Le Bon Coin…) les conduit de plus en plus à considérer les propriétaires comme des vaches à lait, sans aucun égard pour eux.
En effet, Airbnb et consort ont tout intérêt à ce qu’un maximum de locations se concluent, le plus rapidement possible, car ces plateformes touchent des commissions sur chaque réservation. Résultat : les propriétaires sont lourdement incités à louer le plus possible, sans être trop regardant sur les conditions.
« Jusqu’en 2016, ils étaient aimables et aux petits soins avec les propriétaires. Aujourd’hui, ce sont des machines de guerre très directives et intrusives. Ils mettent les propriétaires sous la pression croisée des commentaires et de délais de plus en plus courts. Ils leur imposent des frais de service et des commissions toujours plus chères – 15 % en moyenne pour Airbnb, dont 3 % à la charge du propriétaire, 17 % à 30 % pour Booking… –, leur dictent leur conduite, les incitant lourdement à, par exemple, autoriser la réservation instantanée – obligatoire chez Booking – qui ne permet aucun échange préalable avec le locataire ni un éventuel refus… Leurs méthodes sont, en outre, opaques et changent sans arrêt » accuse Pierre Tellep, fondateur du site Eldorado-immobilier.com, qui fédère 2 000 propriétaires.
« Je tiens beaucoup à cette maison et la loue sur Abritel et Leboncoin pour la faire vivre. Mais ce n’est pas un hôtel et je veux, au préalable, échanger avec les locataires. Ces sites m’en empêchent » corrobore une enseignante, propriétaire d’une maison dans les Landes.
« J’ai eu, une seule fois, le malheur de refuser un locataire car la maison ne convenait manifestement pas pour ses enfants en bas âge. Airbnb m’a sanctionnée en retirant plusieurs jours d’affilée mon annonce du site. Ils ne font rien, n’investissent rien, ne prennent aucun risque mais augmentent sans cesse leur commission… », témoigne une autre enseignante.
Face à ces déconvenues, des acteurs, plus anciens et traditionnels, redeviennent attractifs. C’est le cas de Gîte de France, toujours aux petits soins pour ses adhérents : « nous sommes une association et notre seul but est que nos 42 000 propriétaires de gîtes soient contents et gagnent de l’argent tout en répondant à la demande des vacanciers, de plus en plus exigeants », explique Sylvie Pellegrin, directrice générale de Gîtes de France.
C’est également le cas de De particulier à particulier (Pap.fr), qui fonctionne sur le principe d’une annonce payante, mais sans aucune commission sur les location : « Sans beaucoup de publicité, nous voyons arriver chez nous les propriétaires déçus par les sites dominants, au rythme de 15 % à 20 % de plus chaque année », détaille Corinne Jolly, directrice générale de PAP.