Nouveau scandale dans la collecte et redistribution de la taxe de séjour par Airbnb en France : plusieurs Offices du Tourisme n’ont toujours pas reçu leur part de la taxe 2018. La colère commence à monter.
Depuis l’année dernière, Airbnb a pour obligation légale de collecter la taxe de séjour et de la reverser aux collectivités territoriales à qui elle est due. Or, de nombreux Offices du Tourisme (OT) se plaignent de l’avoir toujours pas reçu la taxe 2018, des montants qu’Airbnb a collecté entre le 1er janvier et le 31 décembre de l’année dernière, et qui dorment, depuis, sur ses comptes.
« Le géant américain collecte la taxe d’une façon proche de l’illégalité, certaines instances de promotion des territoires n’ont tout simplement pas touché les sommes dues pour l’exercice 2018 », précise le responsable national des OT.
C’est notamment le cas à La Grande Motte, où pas moins de 28 000 euros manquent pour le second semestre 2018 : « Malgré plusieurs relances, dont des lettres recommandées, nous n’avons ni réponse, ni justification de leur part. Ils pèsent tellement qu’ils ne craignent personne, pas même l’affrontement avec la force publique. Ils agissent en totale impunité » pointe Jérôme Arnaud, le directeur de l’Office de tourisme de la station balnéaire de l’Hérault.
Même situation à Cahors, où le trou est de 7 000 euros : « Au début, nous nous sommes dit qu’Airbnb n’arrivait pas à distinguer les communes ayant un même code postal. Sauf qu’en février dernier, nous leur avons envoyé tous les éléments. Et depuis, plus aucune réponse de leur part » témoigne Clémence Payrot, directrice de l’Office de tourisme.
Pour ajouter à la confusion, pour cette année, Airbnb n’a pas à justifier les montants de taxe de séjour collecté (ce sera obligatoire à partir de janvier 2020) : « Nous avons reçu une lettre de la part d’Airbnb nous indiquant qu’ils nous devaient 7 000 euros. Sauf que nous n’avons aucun détail sur cette somme. Nous ne pouvons pas savoir ce qu’ils nous doivent réellement, peut-être que c’est plus ou moins, » explique Clémence Payrot. « Peut être nous doivent-ils le double ? Il y a un problème de transparence évident », renchérit Jérôme Arnaud.
« Si jamais les services de l’Etat ne font rien, nous n’aurons plus d’autres recours que de saisir la justice, avec tout ce que cela implique en termes de temps et d’argent. Airbnb fait la règle et fixe ses conditions pour payer une taxe obligatoire. Imaginez un peu la même situation dans un petit hôtel du coin, que ce soit l’Etat ou nous, il ne bénéficierait d’aucune tolérance », conclue, en colère, le responsable de l’OT de La Grande Motte.