Dans une interview accordé au Parisien, le ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, annonce qu’un décret imposera, à partir du 1er décembre, à Airbnb de transmettre la liste de tous les logements loués
Le but est de donner aux mairies la possibilité de vérifier quels logements posent problème, sont dans l’illégalité ou cumulent des locations sur plusieurs plateformes pour dépasser la limite des 120 jours de location par an : » je viens de signer un décret qui impose à toutes les plates-formes de remettre une fois par an la liste de tous les logements loués : adresses, numéro d’enregistrement et nombre de nuitées. Les mairies des grandes villes pourront réclamer les listings de l’année en cours et de l’année précédente. Publié ce jeudi, le décret sera effectif à partir du 1er décembre » expose Julien Denormandie.
Une bonne nouvelle en soit, qui pourrait donner aux mairies la possibilité de contrôler plus efficacement les locations Airbnb et épingler celles qui sont illégales. Mais qui impose deux bémols. Le premier est qu’il s’agit d’un recul par rapport à la loi, comme l’expose Ian Brossat, l’adjoint au logement à la maire de Paris : « D’abord, le décret intervient un an après la loi Elan et il est moins ambitieux qu’elle. Dans la loi, il était question de transmissions des informations trois fois par an et non une seule. »
Le second est qu’Airbnb, face à des législations similaires ailleurs dans le monde, a systématiquement refusé de livrer le listing des locations, ou partiellement, ou en traînant des pieds, ou en effectuant un intense lobbying pour faire casser ce genre de disposition, notamment au niveau européen. Ce qui risque de limiter son efficacité, à moins de faire pression au niveau européen.
Par ailleurs, dans cette interview, Julien Denormandie réaffirme son opposition à l’amendement proposé par le Sénat laissant aux mairies la possibilités de moduler la limite de location annuelle des résidences principales entre 60 et 120 jours (contre 120 aujourd’hui) : « Airbnb permet à beaucoup de Français d’avoir un peu plus d’argent à la fin du mois, de rembourser leur crédit. Louer sa résidence principale 120 jours ne réduit pas l’offre de logements. Le combat doit être mené contre ceux qui font de la spéculation ».
Là encore, Ian Brossat lui répond clairement : « Si Barcelone, Londres, New York, Madrid ou Amsterdam ont des durées entre 30 et 90 jours, c’est parce que ça présente un intérêt, même si ça ne remet pas des logements sur le marché. Le ministre reste sourd aux habitants qui souffrent des nuisances générées par ces hôtels clandestins : bruit, conflit de voisinage, rythmes de vie différents… ».
Ils en parlent aussi : L’Express