Alors qu’Airbnb avait décidé, cette année, de ne pas publier ses comptes en France pour ne pas être attaqué sur son optimisation fiscale, un groupe d’avocats a obtenu de la plateforme qu’elle s’acquitte de cette obligation légale.
Les comptes d’une entreprise exerçant son activité en France doivent être publiés au plus tard le 31 août de l’année suivante. Les avocats du cabinet Gide, représentant les intérêts de l’Ahtop, (association pour un hébergement et un tourisme professionnels), qui fédère 30.000 entreprises du secteur, et du GNI (groupement national des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration) ont constaté qu’Airbnb France ne l’avait toujours pas fait début octobre.
Ils ont alors demandé une audience au tribunal de commerce de Paris pour le 31 octobre prochain, tout en assignant en référé le gérant américain d’Airbnb France, Garth Bossow, avec une injonction sous astreinte. Devant cette pression, Airbnb a consenti à publier ses comptes le 9 octobre dernier.
Leur teneur explique pourquoi Airbnb souhaitait les dissimuler : Airbnb France déclare un chiffre d’affaire de 7 711 338 euros en 2017 pour un résultat net de seulement 329 118 euros, et un minuscule 161 330 euros d’impôt sur les sociétés. Airbnb pratique en effet l’optimisation fiscale : Airbnb France ne gère que le marketing de l’entreprise, mais tous les revenus des locations françaises sont déclarés en Irlande, pays à la fiscalité bien plus avantageuse.
Cette pratique est pour l’heure légale, mais elle permet à Airbnb d’échapper à un impôt bien plus lourd : « Selon les chiffres semés à droite et à gauche par Airbnb, on s’aperçoit qu’ils ont accueilli 6 millions de visiteurs en France sur l’été 2018, pour un prix moyen de 27€ par nuit et une durée moyenne de 3,8 jours. Compte-tenu de leur taux de commission à environ 15%, ça représente pour eux un chiffre d’affaires de plus de 92 millions d’euros perçus en trois mois » exposent l’Ahtop et le GNI.
« Maintenant que le montant de l’impôt payé par Airbnb est connu de tous, c’est l’équité du système fiscal français qui est interrogée. Pour nous hôteliers, la différence de traitement est inacceptable. Cette somme est équivalente à celle que payent certaines de nos PME » poursuivent les associations hôtelières, qui demandent une véritable équité fiscale.