Suite à une enquête musclée de Radio Canada, Airbnb a fini par supprimer le profil et les annonces d’un hôte particulièrement populaire, mais mentant régulièrement sur les logements proposés sur la plateforme. Mais Airbnb n’a agi que contrainte et forcée.
Les journalistes ont ainsi découvert le compte d’un certain « AJ », un des hôtes Airbnb les plus populaires du Canada, avec 90 logements à son nom sur Montréal. Seul problème : les voyageurs se sont plaint en cascade d’annonces fallacieuses, aux photos et descriptifs ne correspondant absolument pas à la réalité. Le profil même de cet AJ mentait, puisque sa photo était celle d’un mannequin récupérée sur une banque d’image – comme dix secondes sur un moteur de recherche l’ont démontré. Mais le profil était indiqué comme « vérifié » par Airbnb !
Sous la pression, Airbnb avait fini par désactiver le compte de cet arnaqueur en juin 2019. Mais sans annuler ses réservations en cours. Laissant, de fait, de nouveaux usagers souffrir de ses agissements : une femme, qui avait réservé en avril 2019 un appartement à Montréal sur la page d’AJ, en a fait la désagréable expérience en entrant dans un appartement au sol « dégoûtant
, avec de la moisissure dans la salle de bains, des matelas rongés par des souris et des verres brisés qui côtoyaient des canettes de bière vides dans des placards endommagés.
La jeune femme s’est alors rendu compte que l’annonce d’AJ était désactivée et remplie de commentaires négatifs. « [Airbnb] aurait automatiquement dû m’envoyer un courriel ou m’appeler et me dire que [l’annonce] était suspendue » se plaint-elle. Des dizaines d’autres voyageurs ont vécu des expériences similaires cet été. Avec, toujours, la même question : pourquoi Airbnb ne les a pas prévenu ?
Pire : les logements du compte d’AJ se sont retrouvés, après la désactivation de l’annonce, sur d’autres profils. Une dizaine de comptes, en tout, sont concernés : « Je pense que le site n’est pas assez surveillé si quelqu’un est capable de se faire suspendre, puis ensuite de faire un autre profil avec les mêmes photos. Ce sont les mêmes mots dans la description. Je trouve ça dommage » pointe un utilisateur du site ayant découvert le pot au rose.
L’affaire a pris une tournure politique, puisque les autorités municipales s’en sont mêlé. « Clairement, il faut qu’ils augmentent leur surveillance. Ça suffit là. Ce n’est pas une belle image pour leur entreprise. Comme mairesse, ça me met en colère. Je trouve ça absolument inacceptable. C’est irresponsable de la part de ces [hôtes]. Mais, ultimement, la personne à blâmer [c’est] Airbnb », dénonce Valérie Plante, mairesse de Montréal.