Bologne possède l’une des plus importantes universités d’Europe, mais un nombre croissant d’étudiants ne trouvent pas où se loger, chassés par Airbnb.
Le tourisme a doublé en dix ans à Bologne, conséquence directe de l’arrivée, en 2008, des compagnies aériennes low cost à l’aéroport de la ville. Dans une ville au parc immobilier difficilement extensible, un nombre croissant de propriétaires ont décidé de louer leurs logements sur Airbnb ou Booking à des touristes, plutôt qu’à des habitants de la ville ou des étudiants. Des professionnels contrôlent désormais plusieurs annonces sur Airbnb. Les petites surfaces ou les chambres ont été les plus massivement touchées par ce transfert d’activité, provoquant une véritable pénurie de logement pour les étudiants.
En effet, l’Université de Bologne, fondée en 1088, est la plus ancienne d’Europe, et toujours l’une des plus dynamique. Elle compte ainsi 63 000 étudiants inscrits, dans une ville de 390 000 habitants, dont 35 000 sont des fuori sede, arrivés du reste de l’Italie ou de l’étranger. Avec 3 200 étudiants, Bologne est en effet la première destination Erasmus d’Europe. Et ces fuori sede peinent désormais à se loger, car l’offre en résidence étudiante est particulièrement maigre (un millier de places, vites prises d’assaut).
Une étude de 2018 de l’institut de recherche Carlo Cattaneo révèlent ainsi qu’entre 2015 et 2017, près de 2 000 logements ont été confisqués à Bologne par la location saisonnière type Airbnb – alors même que la demande en logement dans la ville augmentait. Résultat : les loyers des chambres étudiantes se sont envolés (400 euros en moyenne pour une chambre individuelle, contre 300 euros il y a six ans), leur nombre a fondu, permettant au propriétaire d’organiser de véritable casting d’étudiants, flirtant souvent avec la discrimination. Les étudiants sont contraints d’accepter des logements situés plus loin de l’Université, plus exigus, de moindre qualité, et plus chers. Certains renoncent même à étudier à Bologne.
Pour trouver une solution, des représentants de la société civile ont fondé le collectif HousINgBo. Ils ont lancé cet été une vaste enquête statistique auprès de 10 000 étudiants. En avril 2019, un « laboratoire pour penser la ville », baptisé Pensare Urbano, a été créé. Il a provoqué le lancement d’une vaste enquête publique sur le problème du logement étudiant et d’Airbnb. Le 20 septembre 2019, le conseil municipal et des membres de la société civile se sont réunis à la mairie de Bologne pour réfléchir aux solutions ad hoc.
En attendant, plusieurs centaines d’étudiants n’ont toujours pas de logement pour l’année scolaire qui va s’ouvrir.