Nouvelle étape clé dans la lutte pour la régulation d’Airbnb au niveau européen : trois élus de Paris, Berlin et Barcelone ont officiellement demandé à la Commission Européenne de réviser sa directive sur Airbnb.
Ce vendredi 15 novembre 2019, l’adjoint (PCF) au Logement à Paris Ian Brossat, la sénatrice de Berlin chargée du Logement Katrin Lompscher (Die Linke), et la maire adjointe de Barcelone chargée du Logement Lucia Martin (Podemos) ont ainsi écrit une tribune, transmise à l’AFP, à Ursula von de Leyen, nouvelle présidente élue de la Commission Européenne, qui prendra ses fonctions dans quelques jours.
« Il est important que les villes aient davantage de possibilité de réguler ce phénomène aussi intense que récent. Les textes européens doivent être revus et tenir compte de la situation des métropoles et des difficultés d’accès au logement qui les caractérisent » écrivent les trois élus. Paris, Barcelone et Berlin demandent une prompte révision de « la directive « Commerce électronique », en vigueur aujourd’hui, (qui) date de 2000 et n’est plus adaptée aux réalités de l’économie de plateforme ».
En effet cette directive, qui est le fruit d’un lobbying intense des plateformes de location, Airbnb en tête, déresponsabilisent lesdites plateformes en cas d’annonce illégale et interdit pratiquement toute régulation de leur activité. En vertu de cette directive, une majorité des législations actuelles des villes d’Europe, Paris, Berlin et Barcelone en tête, sont illégales devant le droit européen. Airbnb a ainsi contesté plusieurs décisions de justice émanent de ces villes (et d’autres, comme Bruxelles) devant la Cour de Justice de l’Union Européenne. Ces procédures sont en attente, mais sans révision de la directive « Commerce électronique », les juges devraient donner raison à Airbnb.
Cela explique pourquoi une quinzaine de villes touristiques d’Europe se sont unies pour mener un front commun sur le sujet face à la Commission Européenne : Paris, Barcelone, Amsterdam, Bordeaux, Bruxelles, Berlin, Valence, Vienne, Cracovie, Munich, Lisbonne, Bologne ou Reykjavik.
Mais ce sont les trois municipalités les plus engagées dans la lutte contre les effets pervers d’Airbnb, Paris, Barcelone et Berlin, qui ont décidé de monter au créneau et d’interpeler Ursula von der Leyen, pour demander « à la nouvelle Commission européenne un renouvellement de la législation européenne afin de mieux réguler l’activité des plateformes et protéger l’accès au logement dans les métropoles touristiques ».
Ils dénoncent le « sur-tourisme » et comment l’explosion de l’offre Airbnb, notamment professionnelle (car les locations ponctuelles de résidences principales ne sont pas remises en question par les élus), en retirant des biens du marché locatif pour les mettre en location à l’année sur Airbnb, provoque « une rareté de l’offre de logement, augmentation des prix et loyers, éviction des couches populaires et moyennes ».
Les grandes manoeuvres, attendues depuis des mois, ont donc enfin commencé. La Commission Européenne, si elle suit sa ligne politique, devrait, en toute logique, donner raison aux villes d’Europe contre un géant du net. Mais Airbnb et ses intenses lobbyistes n’ont, sans doute, pas dit leur dernier mot. Affaire à suivre, donc, de très près.
Ils en parlent aussi : France Info