La bataille se poursuit entre Airbnb et les lanceurs d’alerte qui révèlent ses pratiques de lobbying : Airbnb veut couvrir certains documents révélant son action auprès de la Commission Européenne du sceau du « secret commercial ».
L’affaire remonte à l’enquête, très documentée, de l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory (CEO), sur l’intense lobbying d’Airbnb auprès des autorités européennes, notamment la Commission Européenne – soit directement, soit via l’European Holiday Home Association (EHHA), l’organisation professionnelle du secteur du logement touristique chez les particuliers, dont Airbnb est l’un des principaux membres.
L’EHHA a ainsi porté plainte devant la Cour Européenne contre les législations régulant Airbnb dans les villes de Paris, Barcelone, Berlin et Bruxelles, estimant qu’elles violaient le droit européen. Pour parvenir à ses fins, l’EHHA pousse sans cesse la Commission à interpréter des textes européens (voire à créer de toutes pièces des directives) allant toujours dans le sens des plateformes de type Airbnb.
CEO avait notamment pu se procurer un document listant les demandes de l’EHHA auprès des commissaires européens ; on y trouvait notamment cette proposition : « Les plateformes en ligne fournissent un service neutre et ne peuvent pas être rendus responsables ou être forcées de chercher activement des activités qui seraient illégales sur leur plateformes, comme il est bien indiqué dans la directive e-commerce ». Sous cet angle, les tentatives de régulation des villes et des Etats pourraient bien devenir lettres mortes.
Mais Airbnb ne s’arrête pas là : non seulement la plateforme pratique un lobbying intense et agressif, mais elle refuse qu’il soit révélé au grand jour ! Pour l’EHHA, le document cité relève du « secret commercial », il a été de plus déposé sous copyright par l’association – rendant sa révélation sur Internet impossible, si l’on suit les juristes de l’EHHA !
« Ce n’est pas une surprise que la plateforme en ligne Airbnb et ses alliés préféreraient garder secrètes leur demandes politiques à la Commission européenne. Mais c’est une honte de voir que la Commission y répond positivement en classant ces document de lobbying « secret commercial » et en en refusant l’accès public » a ainsi déclaré CEO.
Désormais, la prochaine grande bataille pour la régulation d’Airbnb aura lieu, c’est une certitude, à Bruxelles : les Etats et les villes doivent peser de tout leur poids pour infléchir, rapidement, la Commission et le Parlement Européen.