En France, le phénomène Airbnb ne pose pas uniquement problème dans les grandes métropoles (Paris, Lyon, Bordeaux…) ou dans les petites villes très touristiques (Saint-Malo, Etretat…) : même les villes moyennes modérément touristiques commencent à être touché. C’est le cas en Touraine, où le développement de l’offre Airbnb inquiète les élus et les spécialistes de l’immobilier.
Pour eux, la bascule a eu lieu l’année dernière : « Depuis 2019, Airbnb n’est plus un phénomène marginal en Touraine. Quand, en 2014, la quasi-majorité des achats concernait de la résidence principale, aujourd’hui près de 6 % des ventes ont vocation à être du Airbnb. Ce sont autant de biens qui sont “ confisqués ” dans la mesure où ils auraient pu être proposés en location longue durée. Le calcul est vite fait : pour un T2 de 40 m2, qui se loue 500 € mensuels, il rapporte près du double avec la plateforme », dénonce Cyril Decoux, directeur de l’agence Era, de Tours-Sud.
Bien entendu, les propriétaires qui louent occasionnellement leur résidence principale quand ils sont absents (en vacances notamment) ne sont pas visés. En revanche, les offres Airbnb à l’année commencent à se multiplier. Ce sont elles qui posent problème, d’autant que, selon un professionnel de Civray-de-Touraine, « une majorité d’annonces déposées sur la plateforme par des particuliers sont illégales ».
Les élus sont de plus en plus préoccupés par l’impact d’Airbnb sur le marché locatif : « Il y a des personnes pour qui c’est devenu une activité déréglementée à part entière. Nous avons alerté sur la nécessité de poser des conditions de durée de location et de nombre de nuitées notamment, pour ne pas déstabiliser le logement en ville », attaque Christophe Bouchet, maire Mouvement radical de Tours.
« À Tours, nous n’en sommes pas à des niveaux comparables à ceux de Paris ou de Bordeaux, mais l’ampleur d’Airbnb est suffisante pour être prise au sérieux. Si ça s’amplifie encore, cela va poser problème. Car des villes dans lesquelles le marché de la location se tend, avec des produits qui se raréfient, ce sont forcément des prix qui augmentent », conclue Cyril Decoux.