Le 14 décembre 2017, à 8h45, sur France Culture, Geneviève Brisac, écrivaine, évoque joliment ce qu’est devenu l’utopie Airbnb, dans une chronique de quelques minutes. Elle expose son enthousiasme quand elle a découvert le principe d’Airbnb : « Mettre en commun des appartements, sans intermédiaire, échanger des adresses via internet, échapper aux circuits obligatoires, c’était le rêve de voyager différemment. »
Elle explique que notre monde est redevenu friand d’utopies, qu’il en avait un besoin criant. Elle cite l’écrivain Erik Olin Wright : « une société c’est comme un étang. Un écosystème. Des tas d’espèces, des poissons, des insectes, des grenouilles, des nénuphars, des épilobes hirsutes et des reines des prés. Il suffit parfois d’en introduire une nouvelle pour modifier l’écosystème et sauver l’étang« . Elle compare alors une utopie concrète (comme celle d’Airbnb) à cette nouvelle espèce qui peut sauver l’étang.
Mais elle explique qu’elle a déchanté à propos de l’utopie collaborative de la plateforme de location saisonnière : « Car Airbnb s’est révélée tout autre que ce qu’elle était au début. Aujourd’hui, toutes les grandes villes doivent résister à ce qui ressemble de plus en plus à un cancer urbain : une manière de louer des appartements sans payer d’impôts, une manière de spéculer en achetant des logements pour les louer. Une manière de tuer l’habitat locatif normal pour le remplacer par un habitat touristique qui rapporte cent fois plus. »
Elle conclue en évoquant l’action de la Ville de Paris, déçue, énervée, mais toujours poétique : « Aujourd’hui, plus de 40 000 annonces airbnb sont illégales ; la mairie de Paris porte plainte. Pourvu qu’elle aille au bout. Parce que là, Airbnb c’est un mauvais coup pour l’étang, crocodile, plutôt que reine des prés. »
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