Depuis 2016, une charte de bonne conduite est censée limiter les locations (illégales) de logements sociaux sur Airbnb : mais l’inertie de la plateforme la rend, dans les faits, caduque.
Une médiatique affaire de sous-location de HLM à Paris (dénoncé par des locataires) a rappelé l’existence de cette charte. Mis en cause par nos collègues du Parisien, qui accusait la plateforme de ne rien faire, Airbnb avait mentionné cette charte, signée en 2016, en précisant n’avoir jamais reçu la moindre demande de bailleurs sociaux pour supprimer une annonce.
Cette charte prévoyait en effet d’améliorer la coopération entre les différentes parties prenantes, afin de « retirer rapidement les annonces illégales ». Mais, comme trop souvent dans ce genre de circonstance, les déclarations d’Airbnb ne sont qu’une façade médiatique, qui n’est suivi d’aucun effet.
En effet, le 3 juillet 2019, Élogie-Siemp, troisième bailleur social de la capitale, contacte Airbnb pour signaler que, dans le 14ème arrondissement de Paris, le locataire d’un HLM sous-loue sur la plateforme depuis son emménagement, un an auparavant. Son annonce dispose de 60 commentaires, les voisins l’ont dénoncé, excédés du va-et-viens des touristes.
« Vous avez publié sur votre site Internet une annonce qui doit être retirée. Il s’agit en effet d’une sous-location d’un logement que nous avons mis à disposition de notre locataire » , précise service contentieux d’Élogie-Siemp, en demandant à Airbnb de retirer l’annonce, conformément à la charte déjà évoquée.
La réponse d’Airbnb se passe de commentaire : « Malheureusement, les circonstances sont défavorables. Le moyen le plus simple de résoudre ce type de plaintes est de communiquer directement avec votre locataire. » Face à l’insistance de Valérie de Brem, directrice générale d’Élogie-Siemp, Airbnb consent à… refuser, une seconde fois : « Airbnb est une plate-forme en ligne. Nous ne sommes pas propriétaires des logements, nous ne les gérons pas ni ne les contrôlons » justifie la plateforme.
Valérie de Brem passe alors à la vitesse supérieure. Dans une lettre recommandée, elle signifie à Airbnb que sa réponse « n’est pas tolérable ». « Nous vous demandons de bien vouloir nous préciser les modalités (à venir) pour nous permettre d’obtenir une réponse rapide et positive à nos futures demandes de retraits d’annonces », précise-t-elle.
Pour l’heure, Airbnb n’a pas répondu à la demande de Valérie de Brem. Mais, assurément, quand la plateforme dit ne pas avoir été contactée par des bailleurs sociaux pour supprimer des annonces de sous-location, Airbnb ment.
Une des méthodes favorites de la plateforme : gagner du temps, noyer le poisson, faire du surplace. Et, dans l’intervalle, continuer d’encaisser les commissions des locations illégales.