Dans la ville de Paris, un nombre conséquent de logements sociaux sont disponibles (illégalement) à la location sur Airbnb. Si la Mairie et les bailleurs sociaux agissent, la plateforme se signale par son inaction.
Une semaine après la révélation d’une sous-location illégale d’un HLM dans le 16ème arrondissement de Paris (la locataire a été dénoncée par des voyageurs constatant qu’elle abusait), nos confrères du Parisien publient une enquête exclusive sur les adresses suspectes, qui renvoient à la fois à un logement social et à une annonce Airbnb.
Rappelons que la sous-location de logement social est strictement interdite par la loi, même pour quelques jours. En utilisant la géolocalisation des annonces, les enquêteurs ont constaté que, depuis 2017, 822 renvoyaient à une adresse d’un immeuble contenant au moins une part de logements sociaux.
Certes, certaines de ces annonces sont sans doute légales : des logements « classiques » peuvent jouxter des logements sociaux, et il est possible que ce soient les premiers qui sont disponibles sur Airbnb. Pour autant, certaines adresses ne laissent pas de place au doute : immeubles 100% HLM, maisons relais, centres d’hébergement d’urgence, foyers de travailleurs migrants ou résidences sociales pour démunis… La liste est, malheureusement, longue.
« C’est complètement inacceptable. Les locataires de ces appartements n’ont pas vocation à en tirer de l’argent. Pour chaque abus constaté, nous irons en justice pour dénoncer la résiliation du bail » tonne Ian Brossat, maire adjoint (PCF) de Paris en charge du logement. Paris Habitat, qui gère la moitié du parc de logements sociaux de la Ville de Paris, diligente une quarantaine de plaintes par an pour location Airbnb illégale.
Ces locations frauduleuses sont, le plus souvent, signalées par des gardiens d’immeuble, aux premières loges pour voir débarquer des touristes dans des logements sociaux. Car, s’il fallait compter sur Airbnb pour réagir, ce business illégal se prolongerait en toute impunité. « Airbnb récolte une commission sur des sous-locations illégales. Nous estimons qu’elle doit nous rembourser ces sommes », pointe Ian Brossat.