Ian Brossat, l’adjoint à la maire Anne Hidalgo en charge du logement, explique la décision de la Mairie de Paris d’attaquer Airbnb en justice. La plateforme laisse en ligne des annonces illégales. La loi ELAN prévoit une amende pour les plateformes allant jusqu’à 12 500 euros par annonce : « Il était injuste de faire peser toute la responsabilité sur les propriétaires sans inquiéter les plateformes qui touchent pourtant des commissions sur la location illégale d’appartements » expose Ian Brossat.
La municipalité a visé 1000 annonces, et réclame donc 12,5 millions d’euros à Airbnb. Mais ce n’est qu’une fraction du problème : « On en a ciblé 1 000 mais en réalité il y en a beaucoup plus. Cela demande énormément de travail à nos agents, il faut un constat d’huissier pour chaque amende. Si Airbnb ne consent pas à retirer les annonces illégales, il y aura d’autres procédures. D’autres plateformes, comme Booking, ont déjà fait le ménage parmi leurs annonces. Airbnb ne fait pas le travail que d’autres plateformes ont consenti à faire » accuse l’adjoint au maire.
« La location touristique pose problème car elle se développe au détriment du logement. De nombreuses personnes ont acheté des appartements qu’ils ont transformés en hôtels clandestins non déclarés et loués à l’année. Cette situation accroît la pénurie de logement, pose des problèmes de nuisances et de conflits de voisinage » explique Ian Brossat.
L’adjoint au logement complète en décrivant les conséquences graves de cette explosion de l’offre Airbnb : « Paris doit être une ville habitée et pas seulement visitée. Le développement d’Airbnb à Paris a déjà eu un impact négatif sur la démographie. Nous perdons des habitants et plus particulièrement dans les arrondissements du centre de la capitale, ou le phénomène est le plus développé. On ne peut quasiment plus construire de logements, il n’y a plus de parcelles constructibles. La seule possibilité que l’on a c’est de mieux utiliser les logements existants ».
Mais, si une bataille judiciaire vient d’être lancé en France, le vrai combat de fond se jouera au niveau européen : « Airbnb s’abrite derrière le droit européen considérant qu’il leur est favorable, contrairement à la loi française. L’entreprise exerce une pression importante sur la Commission européenne pour qu’elle invalide les réglementations qui lui sont défavorables. Le match se joue aussi à Bruxelles, avec d’autres villes concernées par le problème. Comme Amsterdam ou Barcelone, nous avons décidé de faire front » conclue Ian Brossat.