Ce mercredi 13 novembre, Brian Chesky, fondateur et directeur d’Airbnb, a envoyé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, pour féliciter la France d’avoir obtenu l’organisation des Jeux Olympiques : en clamant son soutien, le fondateur de la plateforme oublie de préciser quelques détails, que la Mairie de Paris ou même le président de la République (qui défend l’idée que les géants du net doivent payer des impôts là où ils gagnent de l’argent) pourraient facilement lui rappeler…
Brian Chesky y affirme sans rire qu’Airbnb a « aidé » à organiser de grands événements, comme l’Euro 2016 en France : en réalité, Airbnb a surtout aidé les professionnels déguisés qui loue leurs biens illégalement sur Airbnb de se remplir les poches. Dans les villes hôtes, l’explosion de l’offre Airbnb a empêché les hôteliers de faire le plein, malgré les dizaines de milliers de visiteurs présents ; il est vrai que, contrairement aux hôtes dont Chesky loue l’ouverture d’esprit et l’authenticité, les hôteliers doivent respecter des contraintes réglementaires et payer des taxes et impôts…
Il ajoute, sûr de lui qu’Airbnb « permet de mieux répartir les bénéfices des Jeux au profit des familles de la région parisienne et aux commerces locaux, qui se trouvent pour une grande majorité hors des circuits touristiques traditionnels où se concentre l’offre hôtelière » : alors qu’Airbnb a plutôt tendance à chasser les Parisiens hors du centre-ville par la pression immobilière des propriétaires qui préfèrent louer à des touristes sur Airbnb plutôt qu’à des habitant à l’année. La plateforme commence à transformer certains quartiers en une sorte de Venise dédiée aux touristes, privés de commerces locaux en dehors de ceux destinés aux touristes…
Et si Chesky s’enorgueillit que « les familles qui partagent leur logement sur notre plateforme touchent jusqu’à 97% du prix de la location », il oublie d’une part que ce chiffre est, dans l’immense majorité des cas, en dessous des 90%, d’autre part que cette marge que conserve la plateforme est imposée… en Irlande, par une habile technique d’évasion fiscale. Ce sont ainsi plusieurs millions d’euros d’impôts sur les sociétés qui ne terminent pas dans les caisses de l’Etat mais sur le compte en banque de M. Chesky.
La très bonne nouvelle, c’est qu’en France, et en particulier à Paris, les législateurs et les autorités travaillent pour rétablir une situation normale. On peut espérer que l’application stricte de la loi, la chasse aux locations illégales, la volonté affirmée de rendre Paris aux Parisiens et les démarches pour faire évoluer la fiscalité des géants du net permettront de redonner à Airbnb la place qui est la sienne : celle d’une plateforme collaborative, permettant à des propriétaires de louer en toute légalité une chambre ou la totalité de leur résidence, quelques semaines par an au plus, en payant des impôts et en faisant payer des impôts à Airbnb.
Dans ce cadre, cher M. Chesky, votre lettre ouverte aura enfin une légitimité et représentera bel et bien la réalité.
Bien cordialement.