Rebondissant sur la proposition de Ian Brossat, adjoint au logement à la Maire de Paris Anne Hidalgo, d’interdire la location Airbnb aux logements entiers dans les quatre premiers arrondissements de Paris, nos collègues du Parisien ont confronté les affirmations de Ian Brossat à la réalité des chiffres – dressant un constat implacable de l’emprise d’Airbnb sur le centre de Paris.
Sur l’année dernière, 2,5% des 1 400 000 logements disponibles sur Paris ont été mis en location au moins une fois sur Airbnb. Le chiffre est déjà assez élevé, mais il grimpe très vite quand on se rapproche du centre de Paris. Dans les fameux quatre arrondissement centraux, on retrouve entre 5,6 et 7,3 annonces Airbnb pour 100 logements, un chiffre considérable.
Mais ce n’est pas tout : ces logements mis en location sur Airbnb sont de toute évidence des appartements de grande taille, disposant en moyenne d’environ 3 couchages (contre moins de 2 couchages par logements loués dans les 18ème ou 19ème arrondissements par exemple). Si bien qu’en terme de pourcentage de capacité de couchage de l’arrondissement, Airbnb occupe entre 14,9 et 20,6% des lits disponibles des quatre premiers arrondissements de Paris. Le second arrondissement détient la palme : les annonces proposent 4 311 lits alors que l’arrondissement héberge 20 968 habitants.
Autre constat qui rejoint les déclarations de Ian Brossat : les loueurs Airbnb de Paris proposent majoritairement des logements entiers, particulièrement dans le centre de la ville. La part de logements entiers proposés sur Airbnb dépassent les 80% dans tous les arrondissements de Paris, mais les chiffres les plus élevés sont pour les 3ème et 7ème arrondissements, qui dépassent les 94% – les quatre arrondissement centraux dépassant tous les 91,5% de logements entiers.
C’est également dans le centre de la ville que les multi-propriétaires sont les plus nombreux : dans le 20ème arrondissement, une annonce sur 20 est proposée par un loueur disposant de deux annonces ou plus sur Airbnb ; dans le 2ème arrondissement, c’est une annonce sur trois qui est déposée par un multi-propriétaire – qui a de grande chance d’être dans l’illégalité.
Au final, Airbnb a bien, comme l’affirme Ian Brossat, fait « main basse » sur des quartiers entiers de Paris : les plus touchés sont bien les quatre premiers arrondissements, ainsi que le 7ème et le 8ème, soit les quartiers les plus touristiques de Paris – ceux où les riches propriétaires ont le plus intérêt à investir pour toucher le pactole en louant illégalement sur Airbnb. Pendant que les Parisiens, même les historiques, ne peuvent plus se loger dans ces quartiers… De quoi justifier, largement, la proposition de réduire drastiquement l’activité d’Airbnb dans ces quartiers.