Quelques semaines après Ben Groundwater, un blogueur voyageur australien, c’est au tour d’un néo-zélandais, Harrisson Jacobs, de pointer les raisons qui lui ont fait cesser d’aimer Airbnb, qui a perdu pour lui tout l’aspect convivial et collaboratif qui faisait son intérêt et son charme.
Il rappelle qu’au début de son utilisation de la plateforme, en 2011, les personnes qui louaient sur Airbnb habitaient vraiment dans le logement qu’il proposait sur la plateforme, une chambre à louer ou la totalité d’un appartement quand ils partaient en vacance. Les échanges étaient nombreux, le voyageur les aidait à payer leur loyer, ils conseillaient les meilleurs endroits où sortir dans le quartier.
Mais, depuis quelques années, tout a changé. Une majorité des loueurs sont désormais des professionnels, qui gagnent leur vie avec Airbnb, et possèdent souvent plusieurs logements en location sur la plateforme. Jacobs rappelle que, d’après Americas Research, la croissance d’Airbnb aux Etats-Unis est portée essentiellement par les loueurs qui proposent plusieurs propriétés ou des maisons entières, bien loin de l’esprit de communauté des débuts.
Il confronte ces statistiques avec son expérience personnelle : « Au cours des six derniers mois, j’ai séjourné à 14 Airbnbs, d’Athènes à Séoul. Et ce que j’ai vu ne présage pas bien. Airbnb perd son charme ». Il pointe le témoignage d’un hôte qui lui explique comment la plateforme veut « normaliser » les locations : « la société encourage l’utilisation de sa fonction « Réservation instantanée », établissant des normes de propreté et recommandant que les hôtes proposent des « équipements essentiels » comme du papier toilette, des serviettes, du savon, du linge propre et au moins un oreiller par personne ».
Si l’on ajoute à cela les partenariats avec des hôtels, la transformation d’Airbnb est complète : la plateforme tend à devenir une agence de location de bed and breakfast et d’hôtel low cost. Ce qui signifie, pour le voyageur, une standardisation vers le bas des logements proposés : « Comme de plus en plus de propriétés répertoriées sur Airbnb proviennent d’hôtes professionnels (les personnes exploitant uniquement le site Airbnb ou exploitant plusieurs sites à la fois), les logements commencent à se ressembler. Vous pouvez voir les caractéristiques de ces propriétés: meubles bon marché, décorations spartiates, quelques impressions murales, une cuisine équipées type « Ikea ». Mais en cours de route, vous perdez beaucoup du charme d’Airbnb: vivre chez une vraie personne, flâner dans sa bibliothèque et ses étagères, découvrir une cuisine remplie d’épices ou utiliser son shampooing à l’huile d’argan ».
Jacobs finit sa note par une diatribe contre les oreillers et la literies de ces « nouveaux » Airbnb : « Ce logement étant l’activité principale des hôtes professionnels Airbnb, ils essaient de l’équiper le moins cher et le plus efficacement possible. Cela signifie généralement que vous obtenez une literie bon marché et des oreillers bon marché, certains pouvant être mieux décrits comme quelques morceaux de mousse enfoncés dans un tissu. Rien qui permette de passer une bonne nuit de sommeil ».
Fatigué de mal dormir, le voyageur se tourne de plus en plus vers les hôtels bon marché ou les bed and breakfast, qui, eux, lui assurent de bien dormir, en regrettant l’époque où Airbnb était vraiment une plateforme conviviale.