Mis en cause par un nombre croissant de grandes villes du monde, faisant face à des législations toujours plus contraignantes, Airbnb se défend par de la communication, pour gagner la guerre de l’image.
La plateforme collaborative est en effet attaquée de toute part, à Berlin, New-York, San Francisco, Barcelone, Paris : partout les municipalités ont réagi face aux abus d’Airbnb, qui, sous couvert d’être un site collaboratif, permet surtout un juteux business pour des professionnels déguisés, travaillant dans l’illégalité, sans supporter les contraintes du secteur hôtelier.
Le juteux business des professionnels déguisés
De trop nombreux propriétaires louent en effet leurs logements en saisonnier, les retirant du fait du parc locatif, et sans s’astreindre aux contraintes inhérentes à ce type de location. Certains achètent même des appartements uniquement pour cela. Résultat : une pression sur le marché immobilier qui s’accentue, des prix de location à l’année pour les habitants qui s’envolent, et des quartiers entiers qui se vident de leurs habitants. Ajouter à cela un manque à gagner en terme de taxes et d’impôt et une concurrence déloyale vis-à-vis du secteur hôtelier, vous aurez le cocktail d’un ras-le-bol des autorités.
La riposte s’organise, des lois sont votées, les contrôles des annonces illégales accrues, des procès et des amendes s’accumulent : si chaque ville a sa propre stratégie, elle vise toujours à limiter les abus de la plateforme.
Face à cette offensive mondiale, Airbnb répond par un lobbying et une communication intense. Notamment en présentant les bienfaits de son coté collaboratif. La plus belle histoire qu’aime raconter Airbnb est que la plateforme offre un petit complément financier à des particuliers qui, sans cela, ne pourrait pas continuer de vivre en ville. Alors même que ce ne sont pas ces personnes et ces annonces que les lois, les amendes, les descentes de police visent ! Mais les autres, ceux dont Airbnb ne parle jamais…
« Storytelling hypocrite et pernicieux »
« Storytelling hypocrite et pernicieux. On nous vend un séjour chez un couple de hipsters vegans, mais la réalité c’est bien plus souvent l’épouse d’un dentiste qui fait de l’argent au black avec des appartements équipés de meubles Ikea », expose Jean-Baptiste Pieri du groupement hôtelier GNI-Synhorcat.
Pour défendre ses intérêts, Airbnb a engagé des anciens membres du Medef, de la Maison Blanche, et le cabinet de lobbying qui s’occupe des affaires de Monsanto, Boury, Tallon & Associés. Le groupe californien place des sympathisants dans tous les organes de décision d’importance, dépensant en lobbying, en communication et en relations des sommes pharaoniques.
Les employés d’Airbnb chargés de ces « relations institutionnelles » sont au nombre de 315, soit 10% des effectifs, un record mondial. A titre de comparaison, Monsanto en emploie 179 et une firme de la taille d’Airbus seulement 36 ! Rien d’étonnant que malgré ses abus, son illégalité, son évasion fiscale, Airbnb arrive à conserver une image sympathique ! Mais, même de ce coté là, les choses changent…