Lyon est la seconde ville de France recelant le plus d’annonces Airbnb, derrière Paris : cette explosion de l’offre Airbnb a des conséquences sur un marché immobilier déjà tendu et menace d’empêcher les Lyonnais d’habiter en centre-ville.
Nos collègues du Progrès viennent de publier un dossier très complet sur les abus d’Airbnb dans la capitale des Gaules. Le nombre d’annonce Airbnb à Lyon atteint en effet les 11 000, deuxième destination française après Paris et ses 60 000 annonces (numéro 1 mondial). Sur ces logements, 41,7% sont loués plus de 120 jours par an, qui est pourtant la limite fixée par la loi – donc près d’une annonce Airbnb sur deux est dans l’illégalité ! Les trois-quarts de ces annonces concernent des logements entiers, et 20% des loueurs disposent de plusieurs annonces.
Ces chiffres prouvent que l’économie collaborative n’est qu’une part réduite de l’activité d’Airbnb à Lyon, et qu’un nombre croissant de professionnels retirent du marché locatif des biens pour les mettre à la location sur la plateforme, une opération lucrative (et souvent illégale). Le résultat de cette main-basse sur les logements est une augmentation de la crise du marché locatif, à flux tendu à Lyon. Un bien mis à la location trouve preneur en quelques minutes, la pénurie de logement gagne, notamment dans les quartiers du centre de la ville. Les professionnels de l’immobilier soulignent qu’ils n’ont aucun bien à proposer à la location.
En 2015, 4 000 m2 de surface sont passés du résidentiel au meublé de tourisme. En 2016 et 2017, 9 000 m2. En réaction, la ville a pris des dispositions et entend contrôler et réguler l’activité d’Airbnb. Pour être autorisé à louer un bien sur Airbnb à Lyon, l’enregistrement en mairie est obligatoire depuis février 2018, afin de permettre à la municipalité de contrôler la légalité des annonces et de sévir contre ceux qui ne respecte par la loi. La ville a également fortement augmenté la taxe de séjour pour les locations Airbnb.
« Pour prévenir et guérir, il fallait le faire », confie le président de la Métropole, David Kimelfeld, pour qui l’idée n’est pas de mettre « un frein à l’économie collaborative, mais de revenir à son essence. Il y a des questions d’équilibre dans nos quartiers, d’équilibre de consommation et autant d’offres en moins pour accueillir sur le long terme. Et c’est un vrai problème pour le logement étudiant en cœur de ville ». Le but est également de protéger le secteur hôtelier d’une concurrence déloyale.