Etape supplémentaire dans la volonté d’opacité d’Airbnb : la plateforme de location a annoncé qu’elle ne publierait pas ses comptes 2017, alors que la loi l’y oblige.
Jusqu’ici, Airbnb publiait tous les ans les résultats de son activité française… et tous les ans la presse se déchaînait contre le montage financier permettant à la plateforme d’échapper à l’impôt. Officiellement, Airbnb France ne s’occupe en effet que de marketing : les contrats de location pour les utilisateurs en France sont signés avec Airbnb Ireland UC à Dublin et les transferts d’argent passent par Airbnb Payments UK Ltd à Londres – l’Irlande et le Royaume-Uni, deux pays à la fiscalité bien plus généreuse que la France.
Cette optimisation fiscale a permis à l’entreprise de ne déclarer, en 2016, qu’un modeste chiffre d’affaires en France de 5,1 millions d’euros pour 237 980 euros de résultat net. Airbnb n’avait versé que 92 944 euros d’impôt sur les bénéfices – alors que son activité en France, sur cette même année, bien que tenue secrète, est évaluée entre 100 et 150 millions d’euros a minima.
Lassé sans doute qu’on lui rappelle tous les ans qu’elle ne paye pas assez d’impôts en France, Airbnb a donc décidé de ne plus publier ses comptes : « Comme de nombreuses entreprises, nous évoluons dans un contexte très concurrentiel. Nous avons comme elles pour règle, de ne pas révéler ou commenter certaines informations financières sensibles liées à notre activité » ont déclaré les représentants de la plateforme.
La publication des comptes est pourtant une obligation légale pour toute entreprise établie en France. En cas de non-respect de cette obligation, une amende de 1 500 euros est prévue, qui peut être augmentée d’une astreinte tant que les comptes ne sont pas publiés. Mais de nombreuses entreprises préfèrent payer l’amende et l’astreinte plutôt que de révéler publiquement leurs comptes. Airbnb rejoint leurs rangs : désormais, seule l’administration fiscale saura à quel point Airbnb se soustrait à l’impôt en France. La plateforme espère ainsi faire oublier à ses détracteurs cette optimisation fiscale, certes légale, mais moralement plus que discutable.