Les professionnels du voyage en France s’interrogent : est-il raisonnable de laisser Airbnb proposer des packages « Aventure », comprenant hébergements, repas et activités pour des groupes, sans être immatriculé au registre des opérateurs de voyages et de séjours d’Atout France ?
Depuis le 17 juin 2019, Airbnb propose en effet une nouvelle offre, les « Aventures ». Le principe ? Un hôte Airbnb met en place un séjour, court ou long, avec des hébergements, repas et visites, et le vend à des petits groupes (12 personnes maximum). 200 offres sont déjà en ligne, allant de 66 à près de 5 000 euros.
Une seule « Aventure » est disponible en France pour l’instant. « Le Sentier est une marche de 100 km sur 4 jours, sur l’ancien chemin historique de pèlerinage reliant Champsecret au Mont-Saint-Michel », décrit le site d’Airbnb.
A propos de ces aventures, Airbnb se positionne toujours comme une pure plateforme de mise en relation, afin d’éviter à répondre aux obligations légales des professionnels du tourisme, du voyage ou de l’immobilier : la plateforme précise que ce sont les hôtes qui « gèrent leur propre Aventure, à savoir le lieu et le moment où elle se déroule, son itinéraire, les hébergements, les services proposés et ce qui est facturé. Les vols ne sont pas inclus ». Airbnb n’a donc pas jugé nécessaire de s’immatriculer auprès d’Atout France.
Mais les hôtes non plus ne sont pas, dans la majorité des cas des professionnels. Une « Aventure » Airbnb n’a donc aucun cadre légal – alors qu’elle est vendue sur une plateforme commerciale. Des professionnels du voyage s’interrogent donc : « Mais au final, quelles sont les garanties du client si ni Airbnb, ni l’hôte ne disposent d’immatriculation, de garant financier ou de responsabilité civile professionnelle (RCP) ? »
La question est d’autant plus brûlante que le Code du Tourisme a changé. Il impose désormais l’immatriculation de tout « professionnel qui élabore des forfaits touristiques et les vend ou les offre à la vente, directement ou par l’intermédiaire d’un autre professionnel ou encore conjointement avec un autre professionnel ».
« A partir du moment où l’on vend sur la plateforme, on doit être immatriculé. Nous travaillons actuellement sur les plateformes du type Booking.com ou Airbnb, et nous venons de rencontrer la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) en ce sens », pointe Valérie Boned, Secrétaire générale des Entreprises du Voyage (EDV).