Suite à l’interview accordée par Emmanuel Marill, directeur général d’Airbnb France, à Nicolas Demorand le 14 novembre sur France Inter, deux des principaux syndicats hôteliers de France ont tenu à réagir par une lettre ouverte qui rétablit quelques vérités oubliées par M. Marill.
Quand il annonce fièrement : « On va bloquer, dans les quatre arrondissements centraux de Paris, le nombre de nuités à 120. », il oublie de préciser que la loi imposer cette limite de 120 nuits à l’ensemble des meublés touristiques de l’ensemble du territoire. S’enorgueillir d’appliquer la loi dans quatre arrondissements de la capitale quand elle s’applique normalement à tout le pays, étonnante pratique !
De même, quand Emmanuel Marill prétend qu’Airbnb n’est pas « responsable des problématiques de logement à Paris », il oublie que la location saisonnière sur des plateformes de ce type retire d’un parc locatif déjà tendu de trop nombreux logements. « Depuis cinq ans, nous avons perdu 20 000 logements à Paris, qui ont été transformés en meublés touristiques, loués en permanence, au détriment du logement et des classes moyennes parisiennes » a ainsi déclaré Ian Brossat, adjoint au logement à la Mairie de Paris.
De la même façon, M. Marill défend la collecte de la taxe de séjour dans les 50 plus gros marchés d’Airbnb en France, sans préciser que de nombreuses villes, y compris touristiques, échappent à cette collecte automatique, et, surtout, qu’Airbnb fait fluctuer le prix de cette taxe de séjour, parfois même en exonère les voyageurs, sans aucun respect de loi.
Le directeur général d’Airbnb France récite également parfaitement bien son texte quand il affirme qu’Airbnb pait les impôts qu’il doit payer en France ; certes, l’optimisation fiscale que pratique la multinationale est légale, mais est-ce moral de payer moins de 100 000 euros d’impôts en France, sur un marché qui rapporte à Airbnb des dizaines de millions d’euros ?
En conclusion de leur lettre ouverte, L’AhTop, le GNI et l’ensemble des professionnels qu’ils représentent estiment que « le directeur général Airbnb France, Emmanuel Marill, s’avère être un brillant communicant mais un bien piètre connaisseur de la loi française qu’il foule au pied allègrement. Dès lors, il nous paraissait utile de remettre ses propos dans leurs contextes, notamment législatifs. Par ailleurs, il est temps que les pouvoirs publics fassent respecter la loi en vigueur et que de nouvelles mesures viennent mettre fin aux distorsions de concurrence dont bénéficie encore et toujours ce type de plateforme de location. »