Dans une interview donnée aux Echos le 31 mai 2017, Emmanuel Marill, le directeur général France d’Airbnb élude, gêné, les questions sur l’évasion fiscale de la plateforme californienne.
Ce dernier évoque tout d’abord le décret obligeant les loueurs à s’inscrire en mairie, pour lutter contre ceux qui dépassent la limite légale des 120 jours : il le trouve « disproportionné », en oubliant que les annonces illégales, même minoritaires, représentent une part importante du chiffre d’affaires d’Airbnb en France.
Mais c’est bien face aux questions sur l’évasion fiscale que la gêne et les silences d’Emmanuel Marill sont les plus éloquents. Il reconnaît que toute transaction Airbnb réalisée en France, dans un logement français, transite par une filiale située « en Irlande, je crois » – l’impôt sur les sociétés est trois fois plus faible en Irlande, et Emmanuel Marill n’ignore rien de ces procédés.
Et quand le journaliste insiste pour savoir pourquoi l’Irlande, le directeur général France d’Airbnb ne répond pas. Il préfère évoquer le fait que l’immense majorité de l’argent généré par Airbnb est touché par les loueurs et pas par la société. Le journaliste lui repose la question, l’interviewé se contente alors de dire qu’en cas d’harmonisation européenne sur la fiscalité, Airbnb s’y pliera, mais que la société est dans la légalité.
L’évasion fiscale est certes légale, mais est-elle pour autant morale ? Les législateurs français et européens ont-ils raison de la combattre ? Emmanuel Marill ne le dit pas. Comme il n’avouera pas l’évidence que sa société utilise cette pratique. Sujet tabou chez Airbnb.
Retrouvez l’interview d’Emmanuel Marill, directeur d’Airbnb France et Belgique