Au coeur du centre-ville de toutes les villes européennes touristiques, c’est la même évolution : les habitants sont chassés, leurs appartements mis à la location saisonnière pour touristes sur Airbnb, et ceux qui restent doivent vivre dans des quartiers sans âme, sans voisins, sans commerce.
A Barcelone, un vieil homme explique qu’il a dû quitter le quartier gothique, le plus touristique de la ville, qu’il habitait depuis 1962 : son logement a été revendu à un investisseur, lui qui payait 500 euros de loyer n’a rien trouvé à moins de 1 000 euros. Et de toute façon il ne reste rien du quartier qu’il a connu, ses amis sont partis, les commerces remplacés par des enseignes internationales, seuls restent des masses de touristes toujours plus compactes.
En effet, il est beaucoup plus rentable pour les propriétaires de louer leurs logements en saisonnier sur Airbnb plutôt qu’à l’année à des habitants – 350 euros de plus par mois en moyenne à Amsterdam. Résultat : les centres historiques perdent des habitants, c’est le cas à Paris, à Barcelone, Amsterdam, Madrid, Londres, pendant que les loyers s’envolent.
Les grandes villes tentent de réagir, en imposant un cadre réglementaire plus strict : Berlin a interdit la location de logements entiers, Paris, Londres et Amsterdam ont limité la durée de location et imposent un enregistrement, tout en faisant la chasse aux annonces illégales, Barcelone a récemment infligé une amende de 600 000 euros à Airbnb pour publication d’annonces illégales.
L’action est nécessaire car le temps presse : certains quartiers sont déjà devenu des villes-musées à la Venise, destinées uniquement au divertissement des touristes, que les habitants quittent suite à la hausse des prix et à la pression du quotidien.
« Faute de voisins, le sens d’appartenance à une communauté se perd, l’espace public n’est plus respecté et le pouvoir politique perd de l’influence au niveau local, l’électorat urbain se faisant rare » explique Socorro Perez, docteur en géographie humaine à Barcelone.