Conformément à la Loi ELAN, le ministre du logement, Julien Denormandie, s’est récemment félicité d’avoir signé un décret imposant à Airbnb de transmettre aux mairies les coordonnées de toutes ses locations. Seul problème : quelques détails rendent ce décret quasiment inapplicable. Un nouvel effet du lobbying d’Airbnb ?
« Je viens de signer un décret qui impose à toutes les plates-formes de remettre une fois par an la liste de tous les logements loués : adresses, numéro d’enregistrement et nombre de nuitées. Les mairies des grandes villes pourront réclamer les listings de l’année en cours et de l’année précédente. Publié ce jeudi, le décret sera effectif à partir du 1er décembre” exposait fièrement, début novembre 2019, Julien Denormandie, estimant que ce dispositif permettrait de vérifier que les loueurs respectent leurs obligations légales, en particulier la limite des 120 jours de location par an.
Or, à la publication du décret au journal officiel, les responsables des municipalités sont tombés de très haut. Premier problème : cette transmission des données devait, dans la loi ELAN votée à l’assemblée, se faire trois fois par an. Le décret réduit à une seule fois. Mais surtout, Airbnb n’est plus obligé de fournir le lien vers l’annonce correspondant au nom et à l’adresse concernés. De quoi rendre les listings extrêmement difficiles à exploiter, imposant une main-d’oeuvre nombreuses pour relier les données entre elles. Rendant le contrôle beaucoup plus ardu, voire impossible pour les mairies ne disposant pas des agents nécessaires.
« Nous devons donc retrouver manuellement, une à une, les annonces correspondant aux adresses transmises dans le listing. Que s’est-il passé entre le projet de décret et aujourd’hui ? La seule explication est que le gouvernement a été sensible au lobbying de ce secteur, notamment d’Airbnb », accuse Ian Brossat, adjoint au logement à la Mairie de Paris.