Suite aux vives réactions provoquées par l’annonce de son retrait de Cisjordanie, Airbnb change d’avis et retourne dans les territoires occupés par Israël.
Rétropédalage, figure 1. Accusé depuis des années d’être complice d’atteintes aux droits de l’homme en autorisant les locations dans les territoires occupés de Cisjordanie (Amnesty International a même accusé la plateforme de « crimes de guerre »), Airbnb avait fini, fin 2018, par retirer toutes les annonces situées sur cette zone, pour éviter de cautionner les « souffrances humaines existantes ». Provoquant colères et plaintes de citoyens israéliens, du gouvernement d’Israël et d’associations juives installées aux Etats-Unis. Airbnb a notamment été accusé de discrimination religieuse.
Pressée de toutes parts, la plateforme se livre à un numéro d’équilibriste : elle a annoncé, ce mardi 9 avril, qu’elle allait rétablir son activité dans les territoires occupés de Cisjordanie. Mais elle a également précisé qu’elle ne tirerait « aucun bénéfice » de l’activité dans l’ensemble de la Cisjordanie et que l’argent serait reversé à une organisation humanitaire à but non lucratif opérant dans différentes parties du monde. Soucieuse de son image, la plateforme a affirmé qu’elle n’avait jamais participé à un quelconque boycott d’Israël ou des Juifs.
Les réactions ont été tranchées, à cette annonce. Du coté des défenseurs des droits de l’homme et du droit international, où l’on considère l’occupation de la Cisjordanie comme illégale, l’indignation et la colère dominent. « La décision décevante de Airbnb semble montrer un virage à 180 degrés de leur position de respecter totalement les droits. La plateforme est en cela complice des abus dont sont responsables les colonies. Faire don de l’argent tiré de locations dans des colonies illégales, comme ils ont promis de le faire, ne change rien à la souffrance humaine dont, selon leur propre aveu, leurs activités sont responsables. »
a accusé Arvind Ganesan, directeur de la division entreprises et droits humains de Human Rights Watch (HRW).
En revanche, coté Israël, la satisfaction l’emportait : le professeur Eugene Kontorovich, professeur de droit international au Kohelet Policy Forum de Jérusalem, voit dans cette annonce « un grand coup porté aux efforts de délégitimer la présence juive en Cisjordanie ».
Comme quoi, à force de ne pas vouloir prendre partie, Airbnb se retrouve du bon coté du manche. La plateforme va d’ailleurs appliquer la même politique en en Ossétie du Sud et en Abkhazie, « deux autres régions disputées », d’après la société – doux euphémisme pour dire que la Russie occupe ces territoires appartenant, au regard du droit international, à la Géorgie. Autoriser les locations, mais reverser les bénéfices à une oeuvre humanitaire. Comme si ce compromis allait changer quoique ce soit aux souffrances des habitants de ces territoires occupés…
Ils en parlent aussi : 20 minutes, Le Huffington Post, Le Monde, Le Point