Airbnb s’est rendu aux demandes de la Commission Européenne et va modifier ses conditions générales d’utilisation (CGU), afin de les rendre compatibles avec le droit européen. En juillet 2018, la Commission Européenne avait ainsi exigé de la plateforme qu’elle abandonne ses clauses illégales et abusives, et qu’elle clarifie sa politique tarifaire.
Airbnb vient d’annoncer, ce 20 septembre 2018, qu’elle allait se mettre en conformité avec les demandes de la Commission. La plateforme s’est ainsi engagée « à afficher le prix total des réservations, y compris compris les frais supplémentaires (tels que les frais de service et les frais de nettoyage), peu visibles actuellement. Et s’il n’est pas possible de calculer le prix final à l’avance, elle devra informer clairement le consommateur des suppléments qui pourraient s’appliquer ».
Airbnb s’est également engagé à indiquer clairement si l’offre de logement émane d’un particulier privé ou d’un professionnel, les règles de protection des consommateurs ne s’appliquant pas de la même façon dans les deux cas.
Concernant les clauses illégales, Airbnb va clairement indiquer, dans ses CGU, « que les consommateurs peuvent utiliser toutes les voies de recours disponibles, et en particulier leur droit de poursuivre un hôte en justice en cas de dommages corporels ou autres », mais aussi « qu’ils sont en droit d’intenter des poursuites contre Airbnb devant les tribunaux de leur pays de résidence » – imposant ainsi à la plateforme de reconnaître sa responsabilité pénale et celle de ses hôtes en cas de soucis.
Airbnb devra enfin « informer les consommateurs lorsqu’elle décide de mettre fin à un contrat ou de supprimer du contenu et offrira aux consommateurs le droit de contester et de demander une indemnisation le cas échéant ».
La plateforme doit faire vite, elle a jusqu’au 31 décembre pour mettre ses CGU en conformité. La Commissaire à la Justice et à la Consommation, Vera Jourova. s’est félicité « de la volonté d’Airbnb d’effectuer les modifications nécessaires pour garantir pleinement la transparence et la compréhension de ce pour quoi les consommateurs paient. Cette action s’inscrit dans le cadre d’une initiative de plus grande envergure visant à améliorer la protection des consommateurs en ligne ».
C’est une excellente nouvelle de voir Airbnb améliorer ses CGU et céder ainsi devant la Commission. Mais on peut se demander si ce volte-face n’est pas stratégique : Airbnb pratique un lobbying extrêmement agressif devant la Commission Européenne, et sait que les grandes villes touristiques d’Europe vont bientôt demander à la Commission de statuer clairement sur les possibilités de régulation locale d’Airbnb. Il n’est pas impossible que la plateforme ait décidé de céder sur ce point afin de montrer patte blanche, et se réserver pour la future bataille avec les villes.