Une étude de l’association Corporate Europe Observatory (CEO) montre comment Airbnb utilise le niveau européen, grâce à un lobbying efficace, pour casser ou limiter les effets des régulations mises en place par les grandes villes. « Leur agenda est clair : tout obstacle à leur expansion continue doit être écarté grâce à des mesures prises par Bruxelles », affirme Kenneth Haar, l’auteur du rapport de CEO.
A Bruxelles, le lobby des locations de courtes durées s’appelle la European Holiday Home Association (EHHA) : créée en 2013, elle réunit notamment Airbnb, HomeAway, Schibsted, TripAdvisor et Wimdu. Son budget a été multiplié par quatre entre 2016 et 2017. L’EHHA travaille à interpréter le droit européen au profit des plateformes type Airbnb.
Ainsi, l’association a envoyé un courrier à la Commission, qui a provoqué la publication d’un article, en 2016, précisant que les pays européens ne peuvent pas contraindre les plateformes collaboratives à détecter les activités illégales sur leurs sites. A la même époque, la Commission a jugé que les pays ne pouvait imposer des processus d’enregistrement ou d’autorisation que dans le cas où ils étaient « nécessaires, proportionnés et non discriminatoires ».
Mieux (ou pire), l’EHHA a déposé plainte devant la Cour de Justice Européenne contre quatre villes européennes (Paris, Berlin, Barcelone et Bruxelles), estimant que leurs mesures de régulation des locations de courte durée sont excessives et ne respectent pas le droit européen. Une plainte en cours de traitement.
Le rapport conclue qu’on « ne peut plus dénier le fait qu’aujourd’hui, Airbnb est devenu une multinationale comme les autres », avec des méthodes de lobbying auprès des institutions européennes qui n’ont rien à envier à celles des GAFA…